jeudi 6 août 2015

J'ai vu l'expression d'un amour illimité entre une mère gitane et son enfant. C'était dans le train. La mère, tantôt tenait son gosse, s'amusant et lui donnant plein de baisés tandis qu'il s'étirait, riait et regardait les gens, tantôt elle le laissait tester son jeune équilibre autour de la barre transversale qu'il tenait fermement entre ses petites mains. Quand elle le repris il chouina. Elle rigolait alors le gamin essaya de lui mordre le bras avec ses gencives à peine dentées. Elle riait de plus belle en se défendant contre ce petit corps agile qui se débattait entre ses bras, et le gamin faisait semblant d'être en colère avant de rire de plus belle. Je n'ai pas pu m'empêcher de comparer cette scène à celle vue plus tôt, où une mère fessa banalement sa gamine qui courait dans tous les sens en riant. Sa petite tête blonde avait perdu tout sourire et baignait sous les larmes. Pourtant elle était encore une enfant lumineuse. Combien de temps avant que sa mère ne tue cette lumière en humiliant cette facilité de vivre, de tester, de jouer? Je repense à cette gitane, à la manière que certains gitans ont de rire, à ces gosses aux dents pétés qui voulaient me vendre des branches d'arbres dans la rue, à cette ado dans le TGV qui s'écrivait sur les bras et allait fumer dans les chiottes, à ce bouquin sur les gitans, à ces films sur les gitans, à la musique des gitans, un genre de hippie les gitans, cajolant leur vie bohémienne, leur citoyenneté orpheline, leur liberté intouchable.