lundi 30 mai 2016

Douleur... je te vois

Le yoga est l'une des meilleures pratiques au monde. Il est quasi impossible d'avoir autant conscience de son corps autrement qu'avec le yoga. Il est nécessaire au déblocage de tensions inconscientes qui agissent sur le corps et l'esprit. La douleur des exercices n'est rien comparée au mortifications permanentes qui sommeille dans mon être et elle doit être recherchée, surmontée. Elle délivre le savoir des sens et l'humilité du repos. Chercher l'endroit où je suis le moins souple, et étirer... étirer sans retenir le souffle, étirer sans m'attarder sur les signaux qui m'envahissent, voguer à travers eux en consentant leur présence, détendre chaque crispation qui m'étreint, depuis le muscle jusqu'au cerveau qui bourdonne, ressentir la douleur qui s'évade, lorsque les vertus de l'abandon soignent les préoccupations du corps, atteindre ce point où la notion de lutte n'existe plus, se laisser bercer par ce nouvel état... puis relâcher... flotter sur les profondes vagues d'apaisement.

Toute douleur est complexe, mais les nœuds qui se défont libèrent des chemins a é r i e n s

samedi 21 mai 2016

Lettre pour bourreaux de la parole

J’aimerais parler du cas de K. Celui ci a partagé avec nous une vie de groupe qui assez mouvementés, dû aux différents caractères qui la composent et aux habitudes maladroites instaurées depuis le début de l’année...

Dans cette société, il faut s’habituer à ce que les autres aient des opinions de nous sans qu’ils soient forcés de nous les partager. Et c’est difficile de faire la part entre, justice d’apprendre ce qui nous concerne, et justice que les autres usent leur parole comme ils en conviennent. C’est difficile lorsqu’on a des handicaps, quelqu'en soit la forme, qui nous vulnérabilisent. C’est difficile de rester suffisamment détaché, de ne pas tout confondre dans sa paranoïa, quand subsistent la complaisance et les préjugés du non échange. C’est difficile quand on a la conviction qu’une hiérarchie, balisant la vie d’un groupe, a comme une dette envers celui-ci et devait assurer son bon fonctionnement en y faisant circuler une parole claire. Mais c’est difficile lorsque cette hiérarchie est aussi constituée d'humains maladroits.

Pourtant tout ceci pouvait être allégé par le simple fait de discuter. Seulement ici, la parole a été plus qu'abrégée, chacun se protégeant des regards, justifiant « ne pas être ici pour se faire des « amis » », confondant liens d'intimités avec liens de respect, oubliant qu’avant tout autre rôle endossé, nous endossons celui d’être humain. Si certaines personnes s’endurcissent en alimentant le rêve d’une réussite personnelle, tant mieux pour elles, mais se passeront elles de relation pour y parvenir?

Soumis à un système frigide parce que rigide, les individus finissent par adopter les mêmes défauts que leur environnement. Plutôt qu’entreprendre l’échange ils préfèrent attendre l’ennemi commun pour trouver un peu de compagnie dans leur misère de cœur. L’on se plaint sans arrêts des problèmes de société sans remarquer que ce sont nos petites lâchetés qui les alimentent. Et c'est normal. Elles sont tellement éparses et bien ancrées qu'il faut une vraie volonté pour les débusquer. C'est la complaisance des uns à ne pas vouloir échanger avec le monde qui les entoure qui crée la frustration et la violence.

Avec ses "laideurs", ses défauts, ses failles, ses handicaps, K. est arrivé en début de formation avec une réelle motivation, ce qui n’a franchement pas été le cas de tous. De plus, malgré ses problèmes d’audition et de communication qui en découlent, il désirait rentrer en contact avec les autres.

Ce sont les maladresses mutuelles, et surtout le manque considérable de communication, qui ont déclenché la progressive exclusion sociale de K., avant d’en conclure par une exclusion administrative. Si K. a été précurseur de quelques conflits, ce n’est pas le cas de tous, pourtant aujourd'hui il paie plus que les autres, pour sa singularité, et parce que l’humain a toujours eu besoin de chasser quelque chose.

Il y a 3 comportements possibles face à l’autre. Soit on accable, soit on n’agit pas, soit on aide. J’ai vu à l’AFPA comme une aide mécanique et peu sincère envers K. J’ai ressentis beaucoup de frustration derrière elle, comme lorsqu’on doit s’enquiquiner avec nos vieux pour faire bonne figure. K. a été désigné très tôt comme "l’étranger" pour qui on devait quand même se forcer un peu, en attendant d’avoir matière à médire (la médisance comme contre pieds à la communication ouverte, car dans sa lâcheté, l’humain tient quand même à se rassurer plutôt qu'être simplement passif).

Voilà ce qui se passe ici, et je ne cherche pas à culpabiliser qui que ce soit, on est tous dans le même bateau, mais je ne peux rester sans rien dire face aux lésions constantes que produit l'ignorance sur des personnes dont trop peu prennent la défense. K. est responsable de son devenir et devra l’assumer au mieux, mais il est aussi un miroir reflétant nos propres faiblesses. La justice n’existe pas à moins de comprendre que nous formons un tout et qu’un homme ne s’exclut JAMAIS seul, jamais, point barre.