vendredi 20 avril 2012

Parole d'Aurel contre Varo

J'avais l'ennui lié à mes pieds. Je trébuchais et me relevais sous la pluie. Elle se mêlait aux larmes et longeait mon corps dans un ruisseau, me laissant emporter dans une boue ruisselante. L'insipide désir s'évapora. Je glissais dans mon ombre et elle me pénétra. Mes yeux se retournèrent. Des miroirs sans reflets... Je n'avais jamais existé... Des ailes poussèrent mes omoplates, déchirèrent ma peau et m'extirpèrent du vide, scindant les ténèbres par un courant de lumière.

mardi 3 avril 2012

Chronique

"J'ai putain de mal. Et ça me fait putain de mal de plus arriver à l'écrire sur du papier. J'suis assis comme un affamé devant mon clavier et je déteste que ma douleur n'ait pas une beauté qui la rendrait plus douce. Parfois, j'ai l'impression d'une souffrance stérile, sans âme. Alors je passe mon temps à explorer le vide au lieu que ma souffrance se réfléchisse sur le ciel et se panse de merveilles. Je me relis et je me sens con. Je n'ai aucun talent, que des passions incompréhensibles, je suis totalement informulable, inutile, à la ramasse. Qu'est ce que je fais? Rien. Je me relis, je ne suis investis que par l'égoïsme, je n'ai aucun mot pour partager, pour faire rêver, pour aider le monde à travers ma guérison. Je suis las. Quand on écrit sur un écran, on ne s'écrit plus à soit même, il n'y a plus d'encre, plus de sang, et notre âme ne fait que se déguiser, se lustrer sans être belle. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi je suis à ce point lunatique... Il paraît que tout le monde est seul."

C'était plus avant. En plein milieu de sa chrysalide, il y a eu cette crise. Il pensait à une rechute. "Merde... Pas ça..." comme un rappel d'où il venait. Cet endroit vide de sens. Son manque de confiance prenait un tel élan dans son coeur qu'il se trouvait presque toujours ridicule s'il agissait "putain mais quel con". Il fallait toujours laisser s'écouler quelques jours, voir quelques mois, pour qu'il prenne de la distance sur ce qu'il avait fait, sur ce que ça représentait réellement.

"Salut Bruno, Je ne vais pas très bien ce soir et j'avais envie de t'écrire un peu. J'aime beaucoup ce que tu fais, dans tes films, dans ce que tu écris, dans ce que tu dis. Ta sincérité m'apaise beaucoup. J'avale tout ce que tu dis sans réfléchir, comme si c'était forcément bon pour moi. J'adore prendre le train, l'ascenseur, l'avion… il n'y a qu'a se laisser glisser d'un point à un autre. Parfois, j'aimerais qu'il n'y ai plus besoin de parler. Qu'il suffise de se regarder. Avec ce que tu fais, je n'ai pas la sensation de subir. Ca me redonne l'espoir de simplicité dont j'ai besoin. Je n'arrive pas toujours à la trouver autour de moi. Peut être que je ne le mérite pas. M'enfin, je crois que tu m'aides bien. Déjà, t'avoir écris m'a fais m'oublier un peu. Je vais dormir. Merci. "

Après tout, c'était une période généreuse. Si la dépression avait toujours été chronique, elle était malmené par des élans d'une plus grande compréhension que la méditation lui permettais depuis quelques mois. Ce n'était plus la certitude mystique et délirante qui lui donnait l'impression de pouvoir soulever des montagnes sans en avoir les bras mais bel et bien la conscience d'être redescendu sur terre, peut être pour la 1ere fois de sa vie...