lundi 25 janvier 2016

Cloître en suspension

Pourquoi faire une chanson
Quand je peux m'extasier
D'un symphonique abandon
Allongé à tes pieds

Pourquoi jaser l'histoire
De milles danses oubliées
Quand je trouve un perchoir
Sur ton corps dégrafé

Pourquoi donc crier marre
A l'asphalte tourbillon
Quand le silence du soir
S'assure que nous rêvions

mercredi 20 janvier 2016

J'ai 26 ans. D'année en année et depuis 4 ans, j'ai la sensation de guérir et d'évoluer plus vite que jamais auparavant. La mémoire du passé me tourmente de moins en moins. Je ne la provoque plus en m'y complaisant, et quand elle me visite, je l'observe sans cette intensité qui me courbait jusqu'au sol. Les fantômes traversent le couloir, derrière leur peau diaphane, je vois un paysage. Les blessures deviennent quelques secrets qui dessinent dorénavant le sens de ma vie. Quelques larmes coulent encore, convaincues d'un combat à poursuivre...

Une partie des gens qui commencent à faire du théâtre ont mal d'eux même et cherchent un moyen de se livrer au monde. La scène pour exister. Au lycée, je voulais faire du théâtre pour lever le brouillard qu'avait jeté dans mon cœur une enfance bâclée. Je ne m'en sortais pas trop mal mais un jour, après m'être nourri d'elles, les vertus de la scène me firent ressentir un plus grand potentiel: le spectacle rend les gens disponibles comme jamais. Là, une réconciliation est possible... Je n'était qu'une fourmis dans le monde. Je ne pouvais pas me limiter à déambuler sur le devant d'une petite estrade. Je voulais pousser le monde sous les projecteurs et sauver la vie d'une grandiose marginalisation. Je désirais offrir une opportunité à ceux qui souffrent ne pas en avoir, la parole à ceux qu'on n'entend pas, un regard sur les vivants que l'ignorance et la crainte étouffent. La conscience, la capacité et la nécessité, c'est ce qui formule un devoir pour moi.

""Dans ma tête, je vois une ligne. Et au-delà de cette ligne, je vois des champs verts, de belles fleurs et de magnifiques femmes blanches qui me tendent les bras. Mais je ne peux pas les atteindre. C’est impossible de dépasser cette ligne". Il s’agit d’une citation d’Harriet Tubman, qui luttait pour la liberté des afro-américains dans les années 1800. "Laissez-moi vous dire quelque chose : la seule chose qui sépare les femmes de couleur des autres, c’est l’opportunité. Vous ne pouvez pas gagner un Emmy si les rôles n’existent pas". Ce sont les mots de Violas Davis que j'ai découvert à travers une vidéo: le 1er Emmy Awards de l'histoire de la tv américaine remis à une actrice noire... En 2015.

La culture à un énorme impact sur les mœurs de la société. Je suis convaincu que les œuvres présentant des minorités nourrissent le cœur du monde humain et animal d'une plus généreuse compréhension. J'ai la conviction que la culture est un devoir qui ne peut se limiter à patauger dans les stéréotypes ou le sensationnel mais doit se rapprocher de la plus grande diversité vivante. C'est d'elle que l'on déconstruira l'ignorance et la violence et que l'on laissera place à toutes les formes de compassion et de solidarité.

mercredi 6 janvier 2016

Voir l'autre... création constante

"Est ce que tu t'ennuies avec les gens parfois, même ceux que tu aimes le plus? Essais tu d'entretenir ou de raviver ton goût pour eux ou laisses tu les choses se faire toutes seules?"

"Raviver, raviver!
Je pense qu'il est possible de redécouvrir l'autre constamment si on l'aime, pour ça il faut s'autoriser à se surprendre soi dans nos réactions face à ce que nous renvoie l'autre, changer les schémas qu'on construit dans notre tête et se dire qu'une vie ne suffit pas pour connaître quelqu'un. Alors autant se passionner constamment et ne pas fixer nos idées.
[...]"

"Tu as raison... Les sentiments, c'est aussi une question d'imagination, de créativité. J'ai du mal à ne pas ressentir la routine avec certaines personnes, à leur trouver de l'intérêt quand j'ai l'impression qu'elles se complaisent dans leurs certitudes. Au fond, elles me renvoient à mes propres démons. Même quand je suis léger j'ai du mal à créer des liens et les raisons sont profondément ancrées en moi. Elles ont fait de moi un idéaliste et un exigeant pour justifier mon quotidien. Il faut juste que je trouve l'équilibre et que je ne m'enferme pas en moi même, que mon désir d'exigence soit celui de mieux voir l'autre.
[...]" 

dimanche 3 janvier 2016

J'aimerais être le Juré n°8 dans toutes les situations... 

Mon critère numéro 1 d'un bon film, et d'une œuvre en général, est: le regard artistique, le parti pris. Il donne la légitimité d'une œuvre à mes yeux. Un artiste privilégiera toujours une intention personnelle avant des attentes extérieures (la renommée, le nombre d'entrées...) qui dépendent souvent d'acquis qui, en plus de ne pas prendre de risques, gênent l'évolution culturelle et intellectuelle en complaisant le monde dans sa zone de confort. Plus que les mauvais essais d'artistes, je répugne les œuvres qui ont d'avantage été écrites pour les producteurs qu'avec le coeur. Entre autres, je rechigne la plupart des œuvres Hollywoodiennes pour cette raison. La plupart... Car d'autres de mes critères peuvent parfois s'y trouver.

Mon 2eme critère rejoint le premier. L'engagement. Dans un monde ou la dissimulation et le mensonge planent, être sincère, c'est être engagé. Comme la sincérité est pour moi une nécessité, je rechigne assez les œuvres dont l'émotion n'est pas authentique, rendant un propos pauvre, mécanique. Je parle toujours de cinéma, mais pas que. Je parle de tout, car pour moi un bon artiste vit son art comme sa vie, et sa vie comme son art.

Mon 3eme critère et non le moins important, est l'optimisme. Si j'apprécie des œuvres regroupant mes 2 premiers critères, j'estime tout particulièrement celles suffisamment contrastées qui, au milieu des plus grandes difficultés individuelles (physiques et spirituelles), sociétales ou institutionnelles, délivre l'espoir, la créativité, l'amour.