mardi 30 décembre 2014

Elle ne m'a pas écrit hier. Je ne sais pas si je l'ai perdu. Je n'arrivais pas à pleurer. J'ai crié sous la couette pour que ça sorte, une seule larme à coulé.

Je repense à ce mec qu'on a vu dans un reportage, mon coloc et moi. Il s'était fait violer à l'âge de 10 ans et avait la trentaine à l'écran. Il se mutilait constamment le corps. C'était difficile à regarder, toutes ses plaies et cicatrices. Son visage était balafré, cassé comme le miroir auquel il avait mis un coup de boule. Je n'avais jamais vu ça. Il faisait beaucoup de sport, voyait souvent des psy, souriait tout le temps à la caméra en racontant doucement qu'il voulait aller mieux. Il souffrait, pensais à la mort tous les jours. Pourtant là, il gardait son calme, il se confiait. Il cherchait à se rapprocher du paradis vivant qu'il avait entrevu en même temps que la mort. Il avait été incapable d'aller suffisamment loin pour se tuer parce qu'il avait sentis quelque chose. Certaines personnes ont mal de la vie et ressentent son intensité, en bien et en mal, alors s'engage une longue lutte. Cette manière de se tenir devant les autres en était la preuve. Mais quand il n'y avait plus personne pour soutenir son estime, il devait se sentir trop humilié pour pleurer, alors il cassait tout, les formes, le sang, la bien-pensance, pour que les larmes n'aient plus peur. Je le comprenais. J'aurais voulu l'avoir en face de moi. Je l'ai en face de moi.

Quand mon coloc est parti, je me suis occupé toute la journée pour ne pas trop penser à elle. Je n'ai pas mangé. Ça m'a reposé. Aujourd'hui j'ai pleuré en me réveillant. Pas autant que j'en avais besoin mais suffisamment pour m'apaiser. Il fait beau. C'est vivifiant de ne pas manger parfois. Le corps est plus à l'écoute. J'aimerais pleurer encore, aujourd'hui je mangerai peu. J'irais au cinéma voir ce documentaire dont m'a parlé mon frère. "Le sel de la terre"  J'ai besoin de lumière dans mon imaginaire.
" J'ai frappé la maladresse plutôt que l'envelopper d'écoute. J'ai étouffé un rêve avec mes poings "

Je venais de quitter celle que j'aime pour avoir répondu aux intimidations de son père en le frappant. J'avais le cœur lourd et assez honte pour ne plus avoir envie d'ouvrir les yeux. Après m'être passé milles images, les unes pour oublier, les autres pour me rappeler, j'ai su répondre à la question "Suis je violent et pourquoi?"

Gamin, j'ai vécu à Sevran. Les souvenirs de notre 1ere appart dans la ville restent toujours les mêmes: Un matin de noël dans la salle à manger, "Wolf" avec Nickolson dans le salon, les cauchemars dans la chambre, mes parents surpris dans la leur, le bureau de mon père et l'impulsivité de celui ci.
Mon frère n'était pas né, je n'avais donc pas plus de 4 ans. Mon père me faisait peur ce jour là, je ne me souviens plus pourquoi. J'étais seul avec lui. Peut être m'avait t il grondé. Quand ma mère rentra à la maison je pleurai contre ses jambes. Ça agaça mon père. Ma mère me protégea mais je reçu des coups de pieds, un dans la tête, je ne l'oublierais pas. Je ne veux pas fustiger mon père, ça lui arrivait d'être violent mais il ne me frappait pas tous les jours et avait des moments de tendresse. Il était juste victime de son tempérament. Je ne peux pas non plus minimiser son impact sur ma vie... Je "martyrisa" un couple de frère et sœur à l'école maternelle. Pourquoi eux? Ils étaient asiatiques. Peut être leur différence... leur visage joufflu me donnait envie de les mordre. Je n'avais pas la raison, je n'avais aucune notion.

Ca n'a pas duré. La raison arrivant, dans les 8 écoles primaires et collèges que j'ai fréquenté en France, il y avait dans chacune des gamins qui reconnaissaient ma peur et m'humiliait à travers elle... L'humiliation... C'est étonnant. A 25 ans je découvre pour moi même une notion qui a traversé mon enfance. Un mot que ni les éducateurs, ni les psy n'ont formulé à côté de celui "d'abandon", comme si l'un ne dépendait pas de l'autre. Pourtant l'humiliation mouilla mon lit tardivement, me laissa seul dans la cours des écoles, m'envoya en foyer,  me donna des cauchemars pendant une vingtaine d'année, frappa le père de l'unique fille m'ayant aimé à ce point...
Ma violence, ma rage, ne sont venues qu'à l'adolescence. Elles n'intervenaient que dans certaines situations, sans englober ma personnalité mais avec des accès vers le cœur qui me laissait toujours dans le mépris de moi même. Pourtant, j'espérais parfois une bonne baston avec un mec de taille afin de me sentir homme. A la boxe le prof avait cet air martial et suffisant en nous expliquant l'efficacité d'un mouvement, comme si rouler des mécaniques forçait le respect. Ce n'était pas entièrement faux dans ce contexte... Je me suis rendu compte que la violence nous avait tous blessé un jour, les élèves, le prof et moi. Cet instinct de la force n'est pas inné. C'est la blessante culture de l'homme animal qui l'entretien.

Je l'aime cette fille... Devant son regard je me suis rendu compte de mon erreur, dans tout mon corps. Je donne un sens aux erreurs pour grandir. J'écris. Je pardonne. Je dis adieu à la violence. Je ne peux pas vivre autrement.

mardi 9 décembre 2014

J'ai eu des petites victoires dans tout ce que j'ai laissé tomber. Des gens qui m'appréciaient et ne m'ont pas laisser croire que j'étais totalement incompris, que j'avais totalement tort. Merci à ses amitiés courtes qui ont mué le souvenir de mes errances en coup d'avance.

mardi 18 novembre 2014

Bleus

Bleu comme le feu, comme les coups de ma mère dans mon sang. Qu'elles sont belles les éclaboussures, les supernovas, les constellations éparses d'étoiles peureuses ou amoureuses, mais les bleues dorment tout le temps.


Carnet Stylo. L'homme est un être créatif.

Je suis en formation. Je voulais abandonner mais on m'a convaincu de ne pas le faire tout de suite, laissant entendre que c'était pour mon bien... L'ennui cadenassé dans une salle, face à un écran sale, appauvrissant par son caractère formel, tandis qu'au dehors s'impatiente le soleil, se couchant d'une oreille, attendant notre éveil... C'est une jolie gamine, l'essence du bonheur, ma raison de vivre, j'ai du mal à rester assis, à me soumettre alors que la lumière court dehors et j'ai parfois l'impression balourde de la laisser s'échapper.

J'en ai rencontré des âmes ouvertes, rigolant des autres pour rire d'elles même. Elles sont rayonnantes. Parfois les gens se moquent d'elles, parce qu'ils pensent que c'est à faire, qu'être un peu méchant est un acte de courage. Ce sont ces mêmes personnes qui tentent de m'impliquer dans leur machine. Mais le cambouis contraignent leurs ailes. "Un oiseau né en cage pense que voler est une maladie". Je ne justifierais pas passer autant de temps à compter les minutes rien que pour une carrière. Quand on aime on ne compte pas. Alors je déserte la salle de cours. Aucun papier attestant mon engagement ne m'en empêchera. Si je signe c'est pour libérer, pas pour enfermer. J'irais apprendre par moi même.

On a le droit d'essayer et ne pas aimer. Ce n'est pas un échec que mieux se connaître. Si nous étions dans notre voie, nous nous donnerions totalement, parce que tout est perfectible et c'est dans notre nature de vouloir évoluer, rêvant l'inconnu qui nous anime. Au lieu de ça je croise majoritairement des résignés qui, un jour ou l'autre, seront blasés d'un quotidien désabusé dont ils compteront les moments de répit. C'est aussi la faute au système, à la rigidité des institutions et aux méthodes franchement peu inspirées de l'éducation national. Nous sommes tous de potentiels passionnés et la vie est si riche que nous y trouverions forcément quelque chose à aimer si on nous en donnait l'opportunité! Nous nous ouvririons entièrement à ça! Parce qu'aimer sincèrement n'est pas une tâche frustrante, même à devoir la recommencer.

S'engager dans une voie qui n'est pas la notre pour des raisons extérieures comme l'argent, "le devoir", les autres... c'est mettre sciemment un poison salé dans notre verre chaque matin. L'empressement mène à la méconnaissance, la peur et la maltraitance de soi. C'est l'empressement du gain, matériel ou social, qui fait qu'une personne, folle ou follement résignée, flanche. C'est inexorable.

jeudi 26 juin 2014

Styx sous pluie

Au crépuscule, il tendit violemment son bras pour infliger et son poing répercuta en lui toute l'armature de son squelette. La poupe se noyait dans le pétrole surgissant de la terre fendue. Alors il grogna fort sur la coque de l'être et renia le gouvernail. Sous la tempête rouge le pissenlit s'est déshabillé, l'aigrette soyeuse s'est collé partout sur les rames. "Malheur à ceux qui montez sur mon navire!" La coque barbouillée de pétrole et de plumes, le bourreau rigolait puissamment et s'abandonna au navire fou qui frappait encore. Sous la tempête rouge la mousse s'est amassée. "Qu'on m'abat si je refoule! A moi la terre qui se défoule! Je ris plus haut que le ciel ne ment! Je vis plus fort que ce seul instant!" Bien qu'immergé dans les ténèbres, le gouvernail était toujours attachée, par les liens du désir et de l'acte. Dans la tempête rouge, le ciel s'est mis à pleurer. "Je n'aurais jamais du vivre pour le mal que je vais instruire. Mais qui suis je? C'est que j'existe si je peux le dire!" Sous la tempête rouge l'aigrette a bourgeonné et la coque s'est fissurée. "J'applique le poing comme sur la roche, et de l'écorce naît sur ma peau... " Lorsque la main se replia sous le bras, le squelette expulsa la tourmente d'un grillon sans soleil, une vibration sondant le brouillard ocre du grand fracas. Bientôt, la chair se confondit avec le bois. Le navire n'a plus avancé. Des fleurs y ont poussé. A l'aube, la poupe est remontée.


lundi 9 juin 2014

Comment pourrais je m'enfermer 39h par semaine dans une cuisine avec un vieux polchtron ringard et lourdingue qui se prend pour votre supérieur parce qu'il est chef cuistot depuis 15 ans... Comment pourrais je...

mercredi 21 mai 2014

Valérie.







"J'ai un trou béant et des rêves trop grand quand je t'attends, je t'attends, je t'attends... Je ne veux plus être un petit bout sur le monde mais dedans, bien grand, justement..."

J'ai escaladé une église pour me sentir vivant, pour me sentir fort et dépasser ma solitude. Ce n'est pas un hasard si je me suis retrouvé sur cette croix, soumis au choix ignorant, touchant et agaçant des mecs qui m'ont descendu de là. Il fallait que j'atterrisse dans ce nid de coucou dont j'avais tant parlé...

Le premier jour j'ai mangé avec deux vieilles femmes et un écrivain maladroit. Ma. est une sexagénaire rebelle ayant vécu l'époque de la libération des mœurs, une hippie en somme. Elle jure et s'esclaffe comme une adolescente moqueuse, ses plaintes sont assumées avec un sourire taquin et si parfois la récurrence est douloureuse, c'est par nostalgie de ses 20 ans. Au début, nous nous étions bien marrés tous les deux, avant qu'elle ne broie sévèrement une obscurité qui l'accompagnait depuis longtemps. En face d'elle, Di., un petit bout de femme du même âge et d'une douce timidité. Ma. s'occupe un peu d'elle et la traite de gamine. Ma. aime les gens et les insultes, sans méchanceté mais provocatrice. Elle a cette maladresse des gens qui souffrent de donner de leur temps et ressentent l'injustice d'en recevoir moins. Le cœur n'est pas une mécanique... Ma. l'a oublié. C'est sa maladie, celle qui l'élance dans ce qu'ils appellent la bipolarité. Elle refuse d'ouvrir les yeux sur ce qui l'entoure pour se perdre dans le regret de son passé, des gens qu'elle a aimé et qui ne viennent plus la voir... Di., elle est souvent silencieuse, excepté quand elle s'agace et qu'elle répète "ils vont bien me laisser partir un jour quand même ?" "m'en fiche, je ne mangerais pas". J'ai rendez-vous avec le médecin dans quelques jours pour prévoir ma sortie. Je n'ose pas imaginer le tourment de ceux qui attendent une date qui ne se présente pas. Si seulement on leur faisait penser à autre chose...

Dans le jardin il y a Ja.. Elle a perdu son fils et attendait que l'on rît avec elle. La vieillesse nostalgique, elle est pipelette mais très douce. Ma. et moi sommes bon public, alors elle nous raconte la fois où elle et ses sœurs ont dû uriner sur les roues grinçantes d'un chariot alors que des bombardiers les survolaient durant la seconde guerre. Le rire facilite la prise de risque. Je lui dis que son fils fait toujours partie du monde. Elle me raconte d'autres choses qui lui sont restées pendant que Ma. soulage l'envie pressante que l'histoire et la rigolade lui ont donné.

Mon voisin de chambré s’appelle Fa. Il a l'air simplet, agit lentement, comble le silence par des gestes évocateurs et complices, écoute gravement, aide sans demander si besoin est, fait de longs allers retours entre son lit et la salle de bain, me montre ses nouveaux habits, se fige au milieu de la pièce avec les bras et les mains en attente, comme s'il allait attraper quelque chose, fronce sévèrement les sourcils quand on l'embête, par-dessus son regard tantôt pénétrant, tantôt amorphe, le fait glisser sur les rainures de la fenêtre, toujours avec cette extrême lenteur aux aguets... Quand je suis assis, il vient devant moi, à un mètre, me regarde, et attend qu'on se dise quelque chose. On fait des balades silencieuses dans la cour. Il reconnaît un séquoia et me dit que son métier était d'entretenir des jardins... Plus tard il bégaie sa colère, qu'il a fait de grosses bêtises, qu'il connaît un meurtrier, qu'il a appris à son fils à se battre, que son frère c'est lui en pire et en prison. Pourtant je n'ai pas envie de changer de chambre. C'est un bon gars, même s'il lui manque un bout de son cerveau à cause d'un passé violent. Il me demande si j'ai bien dormi. Il vient me chercher pour manger. Il veut savoir si je pars bientôt… 
Je. est un sexagénaire maigrelet à la voix grave et bestiale, forte et affamée en même temps, comme rescapée d'un naufrage. Il se pavane toujours la bouche et les yeux grands ouverts. Il ressemble au bonhomme de la peinture "le cri". Il demande continuellement des cigarettes à tout le monde. Certains infirmiers sont exaspérés et ont pris l'habitude de l'enfermer dans sa chambre le matin... Le premier jour j’entends qu'on l'attache au lit et Je. se met à crier toujours les mêmes mots incompréhensibles pendant plusieurs heures. Deuxième jour. Ils l'ont enfermé dans sa chambre, il tabasse la porte toutes les 30 secondes, toujours avec les mêmes plaintes, les mêmes demandes. Troisième jour, Je. est encore enfermé. Quatrième jour. Décidément, ce mec a plus de persévérance qu'un alpiniste à trois mètres de son objectif. Quand je vais lui parler il me semble que ses énervements sont la réponse logique à la surdité de ses interlocuteurs. Soulagera-t-on ses coups de piquet dans la glace ? Tout ici me paraît être une punition. Depuis l’enfermement physico-psychique que subit Je. jusqu’à l'absence d'activités, de couleurs sur les murs, de musique dans les couloirs qui rendrait le quotidien des internes plus doux, et celui des infirmiers également. La guérison n'est pas une lassitude qu'on estompe avec des médocs. J'ai eu l'occasion de voir leurs effets déconnectant sur la lucidité de Ma. Après le déjeuner elle devient absente, ses yeux bleus à demi ouverts fixant des encoignures. Des gens passent, trop rapides pour que son esprit les captures. Je passe une main devant son visage qui n'est plus une figure. Elle ne sourcille pas. Elle est comme un arbre. Il lui faudrait dix ans pour articuler un mot. Je m’avachis sur la chaise à côté de la sienne en me rassurant. Elle dort les yeux ouverts. Ce n’est pas bien grave. C’est comme si elle planait, très très loin. 
J'étais allé dans le bureau des infirmiers pour leur parler de la monotonie de l'hôpital. Une infirmière, assez condescendante, me proféra très rapidement que je ferais mieux de m’occuper de mes propres problèmes, vous savez, pas comme un conseil amical, au contraire. Je cherchais simplement à parler et cette infirmière voulait que je retourne m'enfouir dans mes problèmes. Étant dans un hôpital, mes problèmes pouvaient être abominables. Je lui ai quand même dis ce que je pensais. Elle avait l'air stressé à remplir toute cette paperasse en ne m'écoutant que d'une oreille. Elle me lança un sourire diplomate en m'assurant que, toujours avec cette autoritaire et froide brièveté, ils étaient surchargés de travail. Personne n'avait l'air pressé à part elle. D'ailleurs, les autres infirmiers ne nous regardaient pas. Ils ne voulaient pas prendre parti… Ils étaient carrément gênés. Plus tard, j'ai pu mesurer qui était cette dame, infirmière depuis plus de 30 ans. Elle s'était permises des remarques et parfois des gestes que toute personne censée jugerait inacceptable. Des actes qui ne l’empêchent pas de continuer à travailler - parce que je ne suis pas son patron - mais que j'imagine avoir de sérieuses répercussions sur l'état psychique des patients qu'elle croise. Déjà, parce que je ne voulais pas prendre les médicaments que le médecin m'avait laissé le choix de prendre ou non, un autre infirmier m'avait attaqué d'insinuations péjoratives au lieu de me demander pourquoi, de m'écouter. Ça m'avait déstabilisé tant je trouvais sa démarche inadéquate, complètement absurde, intentionnellement provocatrice, potentiellement piégeuse. Alors cette infirmière, faisant bien pire à des gens beaucoup plus fragiles que moi ! L'hôpital psychiatrique est un contexte délicat ou nous nous sentons sous l'emprise du jugement des infirmiers. Celui-ci peut contribuer à nous faire sortir ou rester plus longtemps. Les patients ont besoin d'un soutien inconditionnel pour s'ouvrir et réellement profiter d'un séjour efficace, ce n’est pas ce que j’observais ! Il y a des métiers qui devraient être "inconditionnels"! Tous les métiers ou l'humain prédomine, et bien... l'humain devrait prédominer ! Leurs acteurs devraient avoir une ligne de conduite irréprochable, des formations obligatoires pour développer leurs qualités humaines, car leur mission est foutrement importante ! Le monde a trop d’orgueil pour comprendre l'aspect crucial de ce genre de boulot. 
Fr. est une femme dont la fragilité est proportionnelle à la force, et les deux sont immenses. Je l'ai vu pour la première fois alors que je commençais à lire une pièce de théâtre que Th, l'écrivain, avait écrite. Il y avait Ma, Di, et deux nouveaux arrivants assis avec moi. Fr. me paraissait s'être rongé les ongles toute sa vie. Son corps menu et fébrile ne présageait pas le discours, oh combien perspicace et prégnant, dont elle allait faire l'offrande à nos yeux, nos oreilles et nos âmes. Je n'ai jamais eu l'occasion de voir en chair et en os une oratrice aussi talentueuse qu'elle. Elle avait les connaissances, la lucidité, les convictions clamées par le regard perçant et la gestuelle théâtrale, une dérision appropriée et de nombreuses remises en question prouvant sa bonne foi, son objectivité, sa lucidité. Une véritable virtuose du discours, une conteuse organique et chevronnée, d'autant plus que tout était improvisé puisqu'elle ne faisait que répondre à nos questions. Il y eu la première, et les autres furent rarissimes. Tout le monde la regardait avec émerveillement, elle n’eut même pas l’air de s’en rendre compte, nous étions absorbés ! Elle n'était plus ancrée au milieu de son sujet mais le surpassait par une vue nous donnant le vertige. L'important d'une controverse, la politique, nous semblait avoir été parfaitement étudié, traité, classé. Nous voulions tous qu'elle soit notre présidente, pour les idées qu'elle avait, pour sa compréhension du système mais également pour sa poigne. Par la suite, à chaque fois qu'elle me racontait des trucs, j'étais absorbé par les vibrations de sa voix et le pétillant de son regard beaucoup plus jeune qu'elle. Il émanait d'elle une vibration fascinante, elle avait une manière à la fois humaine et implacable de s'exprimer. Sa foi immense semblait découler d'un continuel effort de recherche, de remise en question, et c'est ce qui lui fit surmonter les traumatismes qu'elle trimbalait depuis l'enfance. Un effort de lucidité, un amour pour la vérité inaltérable mais proportionnellement épuisant pour elle... Je n'ai jamais pu palper sa détresse, seulement l'entrevoir dans ce qu'elle me racontait. Elle semblait normal, quoi qu'on palpait dans ses traits, à côté de sa vigueur et son charisme, une certaine nervosité, comme une surdose d'urgence qu'elle maintenait constamment sous une coupe de réflexion. Comme chez beaucoup, c'était le un peu qui cachait la forêt. On était tellement habitué à voir ça chez les passants de tout poil. Un peu d'anxiété par ci, une petite crise par la. Nous mimions l’étonnement sans réellement l'être. Au fond, la détresse des autres, reste encore trop théorique à non sens. Nous nous doutons bien qu'elle est là, dans toutes les histoires qui nous son conté, mais dans notre quotidien nous passons tous tant de temps à tout camoufler que nous ajournons cette pensée sans plus nous douter de rien. Mais à l'hôpital, il y avait tous les jours des nouvelles têtes. Des têtes pas ordinaires, des têtes de gens qui nous auraient accroché le regard dans la rue, et des têtes tout à fait banales, des têtes à porter des masques et à nous rassurer. Fr, elle avait une tenue très prévenante et dynamique. Je n'imaginais pas que ses traits puissent se durcir, j'avais peur de l'imaginer, que son visage si avenant puisse soudainement se tordre sous la démence. 
Th. est un grand écrivain méconnu et fragile. Il attrape son verre avec deux mains, comme un enfant, tellement il tremble. Surement les effets des médicaments cela dit. Mais il demeure tout de même si sensible que lorsqu'il parle... rien n'est banal. Pour lui, ça ne peut être autrement. Il me dit qu'il aime les mots. Il n'y a aucun doute qu'elles le maintiennent dans une vie pleine d'amour et de souffrance. J'ai l'impression qu'il se poignarde avec des fleurs et que son sang est une sève mystique, réactive et créatrice. Une lumière qui le consume à mesure qu'elle s'étend en lui. Tout le long du séjour j'ai lu une pièce qu'il avait écrite "De l'amour pour vous tous"... des personnages aux caractères différents vivent dans une atmosphère sécurisante depuis aussi loin que leurs derniers souvenirs. Pourtant, un vague sentiment d'incomplétude, de manque, les fait toujours attendre la venue d'un personnage mystérieux du nom de "l'écrivain" qui émerveillera leurs questions de sa poésie amoureuse. A travers cette pièce magnifique Th. confesse sa recherche du sensible, des mots, qui donnent leur ampleur en même temps qu'une signification à la vie. 
Je lisais cette fameuse pièce à côté de Va, une jeune femme toute maigre attachée au dossier de son fauteuil roulant par des draps qui la retenait lorsqu'elle tanguait d'un côté, restant un moment comme ça, puis de l'autre, les bras au-dessus de la tête, cherchant à saisir quelque chose au bout des ses bras osseux et désarticulés, penché au point de presque toucher le sol. Derrière son mutisme, ses traits épouvantés et son regard persistant, écarquillé au possible, pleins d'une dure détresse, lui donnaient l'air de communiquer constamment. Même lorsqu’on l'oubliait tout un après-midi dans le couloir, son visage voulait parler. Elle attrapait les gens avec son regard, parfois avec ses mains. La première fois qu'elle m'avait saisi le poignet, mon voisin de chambré, Fabrice, s'était excité en criant qu'elle me lâche et m'avait tiré en m'ordonnant de la laisser. Ça m'avait agacé. Ça m'avait agacé qu'elle est cet air d'handicapée limitée qu'il faut laisser tranquille. J'aurais bien voulu rester avec elle moi. Alors j'étais venu lire la pièce de Th. à côté d'elle. Je lisais, et parfois je me tournais vers elle pour qu'on se fixe. J'avais l'impression qu'elle voulait me soumettre, son regard était dur, mais parfois il s'assouplissait. Elle tourna la tête, revint vers moi, m'attrapa la main, posa sa tête sur mon bras, resta un moment comme ça, se redressa, se mis en colère sans bruit et envoyant ma main balader, la sienne dans ma joue avec ses faibles forces et se détourna. Je recommençais à lire. De temps en temps je l'observais. De temps en temps elle aussi. Sinon son regard se perdait, où suivait précisément le passage d'un patient. Je préférais lorsqu'on se sondait tous les deux. C'est con. Les infirmiers lui parlaient normalement lorsqu'elle mangeait, c'est donc qu'elle comprenait, mais j'étais rassuré de lui voir des réactions logiques. Néanmoins ça ne me suffisait pas. Je voulais que d'autres expressions fleurissent sur son visage. Je voulais cultiver cette parole qu'elle avait du mal à moduler. Je voulais qu'une abondance d'émotions fasse succomber son malheur. Je voulais qu'elle se lève et qu'elle s’exclame "Je ne suis plus terrorisée ! Je suis guérie !" J'avais cet espoir secret quand je lisais à côté d'elle. Au fur et à mesure que la pièce arrivait vers son joli dénouement, je désirais de plus en plus que ça se réalise. Je n'avais pas osé dire son nom où la toucher. Je ne savais pas comment elle réagirait, et je craignais plus fort qu'elle ne réagisse pas du tout. Mais le dernier jour, quelques minutes avant mon départ, j'ai osé. Je me suis rassuré de sa présence en disant son nom. Elle s'est retournée, ça m'a rendu heureux. Je lui ai caressé la main. Elle ne bougeait pas. Je pensais aussi à mon départ. Je me suis levé pour aller en face, dans le bureau des infirmiers, demander quand est ce que j'étais autorisé à partir. Je me suis retourné. Elle me regardait avec une expression que je ne lui connaissais pas. Je ne voulais pas gâcher le soulagement de ma sortie par l'angoisse de rester plus longtemps. Je lui ai dit au revoir. Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite. Mais maintenant, quand j'y repense, ça me brise le cœur. Elle avait réagi en entendant que je partais. Elle avait compris. Cette femme qui tanguait comme une dingue sur sa chaise pour nous attraper. Les infirmiers s'en rendaient ils compte? Toute ma vie j'aurais son visage dans mes yeux.

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Plus je vais, plus je reconnais le monde qui m'entoure, plus je sais comment y vivre. Je ne l'ai jamais fait seul. Personne ne se passe de l'altérité. J'ai vu quelques infirmiers comprendre cette notion et la chérir. Ils n'avaient pas la prétention de changer le système, ils n'avaient pas la prétention de le défendre non plus. Ils étaient simplement présents, dévoués à une tâche dont ils tenaient les rênes avec une confiance douce et nécessaire. Ils n'attendaient pas qu'on les remercie. Ils avaient totalement effacé leur orgueil. Ce genre de personnes sont des guérisseurs, des héros. La peur est inhérente à la vie. Nous arrivons ici et ne savons rien. Mais nous apprenons. Nous apprenons que nos émotions peuvent être canalisées pour devenir des conduites. Quoiqu'on en dise, prendre le risque de monter sur cette église était un geste plus vivant et moins absurde que son envie de nous "sauvegarder" dans sa folie à elle, psychiatrie austère et stérile de Béziers. Je cherchais des réponses. Je les ai trouvé. "Je ne crois pas en l'amour. Je ne crois qu'en l'amour "C'est Bobin qui a dit ça.


Si quelqu'un m'entend, faites que Valérie guérisse.

samedi 3 mai 2014

Le vent est un bon berger

Des années de questionnement, d'observation et de chrysalide. Au dessus, le plus récent. Loin derrière, le passé. J'ai essayé tant bien que mal de restituer l'ordre chronologique. Il n'est pas parfait. Beaucoup de choses se sont mélangées, dans ma tête et dans le temps. Dans tous les cas, j'espère qu'on se rend compte de l'évolution. Je me souviens de la douleur, elle me paraît irréelle tant je ne saisis plus sa logique. Mon cœur s'emballe un peu quand je relis. Je me rappelle avoir imaginé à une époque "Je n'arriverais jamais à guérir" quoiqu'on en pense, c'était un constat des plus probables que j'ai surpassé de toutes mes forces. J'étais en plein désert, assoiffé et la peau sur les os, et j'ai suivi les petites traces imperceptibles qu'il y avait dans le sable sans être certains que ce n'était pas mon imagination : "ce n'est pas juste du sable. Ces traces ont un sens". De toutes mes forces. J'aime la lumière telle que je l'ai découverte. Je ne l’abandonnerai pas.

vendredi 2 mai 2014

I love you train


J'ai passé ma vie à attendre dans un train que la vie se dilue dans mon esprit. La vitesse, le fait d'être transporté, les paysages qui défilent... ç'a m'a toujours donné la sensation apaisante que la terre était en train de tourner, que la vie poursuivait son labeur, sans moi mais aussi pour moi. Entre-temps, il y aurait eu de grandes transformations, un renouveau, dont le processus compliqué ne m'incombait pas... Le train, c'est un raccourci de la vie. Il faut se laisser porter d'une vie qui s'éloigne vers une destination inconnue. Si nous arrêtions le train, nous tarderions à arriver. Si nous sautions à l'extérieur, nous n'arriverions peut-être jamais. Si nous faisions n'importe quoi, nous connaîtrions des emmerdes. Si nous nous hâtions dans n'importe quel train, nous ne saurions pas où l'on va. Le plus facile à faire c'est : prendre un train et se laisser porter. Nous devrions traiter notre vie de cette manière. Beaucoup de gens ne savent pas voyager. Ils s'affairent constamment. L'ennui est paisible ici, propice aux rêveries. J'ai senti certaines choses se distendre, certains nœuds se défaire et le brouhaha s'apaiser. Les plus chouettes voyages que j'ai fait en train étaient ceux pour aller jouer les animateurs dans une colonie. J'adore les gosses. Ils sont prodigieux pour plein de raisons. Je crois qu'on veut des enfants pour perpétrer l'amour perdu que donnaient nos parents aux gamins que nous étions.

jeudi 1 mai 2014

Les pinceaux que l'on lave souvent

Je suis reconnaissant pour ma famille qui reste malgré tout présente. Ma mère, ma petite soeur, mon petit frère, mon père, ma grande soeur, mamie De. qui s'inquiète souvent de prendre des nouvelles auprès de ma mère.

Je suis reconnaissant pour les amis et les potes. Vi. et Be., mes 2 frères. Gu., To., Qu. et Vi.. Mes putains de Panda ! Am. et Em., mes 2 gouines, même si on ne se voit pas souvent.

Je suis reconnaissant pour ses amitiés réunionnaises qui se sont éloignées. Ju., Th., et tout les potes de là bas.
Je suis reconnaissant pour les rencontres. La fille au chat. La fille de l'aéroport. Le sdf de paris. Les gens en général. Les bons, les mauvais, qui ont tous la capacité d'aimer puisqu'ils vivent.
Je suis reconnaissant pour les chercheurs qui trouvent de quoi aider la vie.
Je suis reconnaissant pour l'art, exutoire connecté aux choses.
Je suis reconnaissant pour l'amour. Le regard qu'on m'a porté. Je suis reconnaissant pour Luna. Ca ne fait pas longtemps qu'on se connaît, mais je l'aime beaucoup. Je suis reconnaissant pour sa douceur.
Je suis reconnaissant pour mes guides spirituels. Bouddha, bien sûr, AJ Hoge, cet incroyable prof d'anglais dont l'énergie nous transforme, Lenoir dont 2 bouquins m'ont déjà énormément aidé, Bodin et sa poésie, la philosophie et la vie qui ne cessent d'être désirables, inspirantes, extensibles, magnifiques.
Je suis reconnaissant pour les coups durs et les armes qui m'ont été donné pour les surmonter.
Je suis reconnaissant pour les capacités infinis de développement de notre esprit, la méditation, l'attachement et le détachement. Je suis reconnaissant pour la lumière et le sommeil qui sont réciproques.
Je suis reconnaissant pour ce que je suis. Le passé, le présent et mes espoirs en l'avenir.
Je suis reconnaissant pour le week end chez Am., et reconnaissant pour cette épreuve à Montpel. Je me suis rendu compte à quel point il était important pour moi de fonder un partenariat plein de confiance.

mercredi 30 avril 2014

...


Sans l'eau, la vie ne pourrait pas être formée
Son corps n'aurait aucune souplesse
Sans la terre, la vie n'aurait pas de forme
Son corps n'aurait aucune robustesse
Sans le feu, la vie ne pourrait pas se mouvoir
Son corps n'aurait aucune énergie
Sans le vent, la vie ne pourrait se transformer
Son corps n'aurait aucun désir

Tu es l'eau et la terre. Tu cherches à comprendre le feu qui t'a vu naître. Soumets le au vent invisible et vois ce que tu peux faire. Le vent est le rêve qui a mélangé toutes les couleurs.

Qui saisit ton instant et se donne le droit du trop présent ?
Les esprits stagnent lorsque le tien court sans sac à dos

mardi 29 avril 2014

Le vide et son arbre consolateur



L'oiseau et le vent sont les artères du ciel,
Fleuves et poissons sont ceux de la mer,
Le fauve et l'antilope, le bon et le cyclope
Aurais je perdu toute faculté d'aimer?


Dors au pluriel,
Fuis le temple du corps véniel,
Qu'il jaillisse la stupeur de l'eau du ciel,
Sur la toile des tableaux idéels,
Où le matador triste s'attelle,
A la mort qu'il supplie d'être belle.

jeudi 17 avril 2014

Clochards silencieux

Il y a des clodos qu'ont décidé d'être des hommes. Ils boivent sur les pièces qu'on leur donne et errent dans d'autres temps. Ils se grattent la peau des bras en les regardant, portent à leur bouche des intempéries pour immerger la pluie. Parfois ils beuglent, hilares et colériques, des froncements de sourcils aux enfants que nous sommes. Parfois, ils se taisent pour ne pas être trop francs, parce qu'on est susceptible derrière nos coutures. On dit des clodos qu'ils sont décousus et qu'ils puent parce qu'ils n'ont pas effacé leur odeur. Parfois ils se cassent la gueule pour un sac de bouffe. Souvent la fatigue leur fait abandonner toute esbroufe sur un bout de pavé qu'ils sont les seuls à toucher. Ils voyagent entre les murs qu'ont empilé des grues immenses. Ils tournent autour des miettes qu'ont laissé les empressements. Quelques clodos connaissent les recoins, d'autres les astuces, certains creusent dans la roche. Tous sont des humains qui connaissent les caprices du vent.
 

mardi 15 avril 2014

J'appelle "virulent débordement du constat" ces moments où je m'adressais directement à mes sens et où je leur imposais de recevoir une force, ces moments ou j'ouvrais les bras en criant aux ténèbres de m'attaquer, ces moments où j'eus la sensation d'être libéré de mes peurs, une lutte ou les frissons étaient exponentiels aux provocations, pour me donner suffisamment de force pour le futur. "Prends moi !" Rien d'invisible ne m'attaque. C'est que dans la vie, tout est là. Le mal est une invention. Le diable est une invention.

lundi 14 avril 2014

Je viens de recevoir mon dossier médical. Le foyer m'ayant accueilli durant 4 ans l'avait perdu lorsque je suis parti. Je n'en avais jamais pris compte, mais en grandissant, je souhaitais comprendre ce qui m'était arrivé, ce que mon traumatisme crânien avait généré de problématique. J'avais bien des idées, mais il fallait que ces documents confirment mon intuition, parce que c'avait gâché beaucoup de choses sans que je puisse en parler. Au fond, je voulais des mots expliquant la logique de ma tristesse. D'où venait elle ? Après 6 ans de frustration durant lesquelles toutes mes questions fixaient la vacuité d'une expertise médicale, je décidai d'appeler le foyer pour les forcer à retrouver mon dossier. Ils avaient remis la main dessus et me le retournèrent. A peine le postier me donna le dossier que je l'ouvris. Je fouinai un peu hasardeusement à la recherche d'une lésion source au cerveau. "tristesses" "passivité" "lenteur"... J'ai entendu ces mots toute ma vie. Comment se fait il que c'était déjà vrai à cet âge (j'ai eu mon accident à 3 ans)? Je ne veux pas que vous remarquiez cette tristesse, je veux qu'elle vous alarme ! Quelle est sa source !? Rien. Rien d'autre que des choses que je savais déjà. Une infériorité du langage, un défaut de l'attention, des capacités, une supériorité visuel... Mais rien qui n'explique cette tristesse précoce, si ce n'est son prolongement. Ils écrivent que Gu. aura besoin d'attention, de soutien... Je n'ai ni eu droit à ça, ni à aucun traitement normal, mais au divorce de mes parents baignant dans le ressentiment, à une relation destructrice avec ma mère, à une adolescence délaissée dans un foyer, à la rudesse de l'incompréhension, à la colère qui monte et qui explose, la violence omniprésente, aux pleurs quotidiens, à la banalisation de mon état, à la guérison forcée, fissurée de mensonge... A ma culpabilité. J'ai vu la lumière et je m'en veux de ne pas la garder constamment près de moi. J'ai l'impression d'être plein de caprices, c'est plus fort que moi.

jeudi 27 février 2014

Et bla et bla et bla

Certaines personnes parlent trop tout le temps. Elles sont tellement soucieuses de leur identité, tellement peu confiantes de ce qu'elles projettent qu'elles tentent de canaliser leur paranoïa par l'autorité de leur mot.

mercredi 26 février 2014

Larmoiement sur vinyle

Incroyable. Quel envol. L'élan qui m'a saisis, jusqu'à flancher contre sol, jusqu'à exploiter les ridicules sillons de la pierre, pour finalement défiler à toute allure devant les parterres encombrés de latin, suffire la figure de la vitesse offerte, sans porter d'estime au but, juste, ne plus supporter la chute. Incroyable.

samedi 8 février 2014

La maison du bonheur

Ce que je veux c'est une grande maison ouverte en pierre où les gens pourraient venir se ressourcer. Il n'y aurait pas d'aspect commercial mais beaucoup d'amour et ça serait un endroit ou l'on aurait plaisir à se connaître, à se guérir, à apprendre. En entrant on passerait devant de larges lavabos et une grande table à manger en bois. Au fond, la longue pièce se prolongerait en dortoir d'ami avec des lits se faisant face. Pas de porte, mais un épais rideau bordeaux. Le respect, la quiétude instaurés et la taille de la pièce suffiraient à isoler du bruit et de la lumière afin que l'on puisse trouver facilement le sommeil. Et puis, la maison se voudrait un doux lieu de vie ou le passage de chacun serait rassurant pour les autres. La journée, tout le monde serait en train de travailler au champs, ou à lire un livre, ou à écrire, ou à écouter de la musique ou à en jouer... Dans le but de communier, de se connaître un peu mieux, de mener une recherche ou de flâner. On aura le droit de demander de l'aide mais l'intérêt de la journée sera de s'affairer simplement. Plus la journée se sera déroulé, plus les gens se retrouveront pour finalement échanger simplement sur ce qu'ils ont fait et ressenti. Les remarques de chacun seront bienvenues, et il n'y aura jamais de jugement négatif sur ce qui a été fait, et dans tous les cas, rien ne méritera que l'on se sente blessé. Nous nous efforcerons toujours à la réconciliation et conseillerons pour les lendemains. Si les conseils n'étaient pas suivi, il n'y aurait aucun ressentiment et toujours la résignation du détachement sinon une complète acceptation, une totale confiance. La confiance serait le maître mot.

mercredi 5 février 2014

Mais quel gogole. Je fouille ma petite boîte fourre tout à la recherche d'une carte sd, et là, je tombe sur la boite de zimma D que j'avais acheté sur les conseils d'un ami (pour palier aux carences de vitamine D dues au manque de soleil) le truc que je croyais prendre tous les jours depuis un peu plus d'1 mois... Mais si le flacon est là, c'est que je me tape quotidiennement 14 gouttes d'autres choses... Suspens... Du L52. Le comble? J'ai choppé la crève avant hier. Dans tous les cas, je pense pouvoir associer ma prise quotidienne de L52 et les quelques découvertes sympathiques que j'ai eu récemment comme : je sens à peine le sol, lorsque je regarde un piaf, nous communiquons assurément. Je suis un oiseaux chamane.

samedi 25 janvier 2014

Paris ça craint


“Je suis assis seul dans le carré 4 places, à côté des portes du RER. Le mec est petit et trapu. Son visage aurait probablement été agréable et viril s'il n'avait pas épilé ses sourcils dont les extrémités montent très haut vers les tempes sans jamais redescendre. Ça lui donne plus l'air "pervers pathétique" que "sociopathe sournois" ... Suffisant pour faire flipper les nanas apparemment (salutations à toutes celles qui ont le sentiment de vivre dans un monde d'hommes frustrés) Une 1ere, assez galbée pour son jeune âge, trop mise en valeur... carrément allumeuse, se fait intimider par ce mec qui la poursuit silencieusement en faisant mine d'être intéressé par le plan depuis trop longtemps pour être crédible. Ses allers-retours derrière la nana ne laissent aucun doute sur ce qui l'intéresse. Elle longe plusieurs fois le wagon sans demander d'aide aux gens qui l'ont remarqué mais continuent leurs petites affaires. J'assume de l'interpeller après que son popotin soit passé devant moi pour la 3eme fois. Je lui assure qu'elle peut descendre du train sans crainte, j'empêcherais que le type la suive. Il m'a vu, alors il est resté à l'autre bout de la rame. Je le rejoins, au cas où il veuille descendre, tout en regardant la nana théâtraliser sa fuite. Il sait qu'il a été grillé mais joue l'innocent et me demande dans un Anglais de Roumain pompète comment il doit faire pour rejoindre une station qu'il a l'air de choisir au pif. Je lui explique qu'il suffit d'attendre 5 arrêts et vais m'asseoir. Rebelotte avec une seconde nana, pas vulgaire pour un sous, qui vient de monter. Dans le tram, les mêmes personnes qui ont assisté à la 1ere scène. C'est dingue, encore une fois personne n'intervient, la fille n'ose pas demander d'aide. Je lui dis de s'asseoir à côté, qu'il ne lui arrivera rien, qu'elle ne devrait pas hésiter à interpeller les gens, que la plupart sont bons et lui viendront en aide... La blague. Les autres sont trop occupés par l'image qu'ils se donnent pour oser intervenir. Le pervers, on dirait un gamin amoureux qui a un peu honte de ne pas réussir à cacher son gros béguin. Évidemment qu'il pourrait être dangereux dans un autre contexte, mais avec autant de gens dans le train, l'intervention ne tient pas de l'héroïsme. Mais non, les gens entretiennent leur dédain. Ils affichent leur bonnes mines, sortent la dernière blague qu'ils ont entendu, parlent d'eux mêmes de la même manière que la société leur à appris en faisant abstraction de leur honnêteté. Tout n'est qu'un lâche consensus pour se complaire. Il ne faut même plus dire ce qui va mal, sous peine de casser la petite ambiance, aux yeux des gens qui vous connaissent mal bien entendu. Ces gens qui vous jugent égoïstement vite préfèrent entretenir leur confort plutôt qu'enlever leurs œillères, s'ouvrir à la critique constructive, prendre des risques, intervenir quand quelqu'un se fait emmerder, comme si relever les défauts de quelque chose signifiait que tout était foutu..
 
Pour le coup, le mec tente de descendre en même temps que la nana. Je le pousse en le questionnant sur sa destination, ses projets ce soir... Il sort les mains de ses poches, je crains qu'il veuille me frapper alors je le repousse en le menaçant "stop your shit ! " Je vais m'asseoir. Je suis tellement énervé par le manque de réaction autour de moi que je retourne m'acharner sur le mec, parce qu'il est le seul à me paraître vivant. Je le prends en photo dans l'espoir que ça le fasse rentrer chez lui, dessaouler et prendre conscience à quel point il est rassurant de ne pas s'attirer des problèmes juste parce qu'on est tombé dans une société incapacitante. Je me dis, peut être qu'il tente d'avoir des relations forcées car personne ne lui parle. Personne ne lui parle quand il cherche un regard dans un bar surchargé. Personne ne lui parle quand il poursuit une femme dans une ruelle sombre. Ce mec a tellement peur de ce silence qu'il tente de le gommer avec un regard sur-épilé. Son personnage est tellement bancal et apeuré qu'il parait encore simple de l'aider, avant qu'il ne s'oublie dans un rôle plein d'assurance et encore plus dangereux. Tout ce que j'ai réussi à faire, c'est prendre une photo de lui et baragouiner en Anglais qu'il devrait aller dormir au lieu de vivre dans une errance pleine de gouffre (avec des mots normaux). C'est trop con, mais au moins j'ai levé mon cul.”

jeudi 23 janvier 2014

Batofar

J'y suis retourné. Ça faisait 8 mois que je n'avais pas remis les pieds ici. 8 mois de peut être, finalement non, où alors je passais de temps en temps juste à côté, après avoir longé les quais pour boire du soleil dans un verre préfigurant une expérience de déformation... 

Dans le train, je me revois sauter les tourniquets, composter mon ticket, passer les portes ouvertes, tout seul, mal accompagné, mieux accompagné, sobre, bourré, défoncé, en monté, en descente, heureux, dans le bad. Loin des frasques amères de la nuit, l'impulsion de ce soir avait une douce odeur vanille (j'ai vraiment sentis la vanille), désireux de renouer avec les sentiments qui m'avait conquis lors de notre rencontre, les soirées et moi. Juste, le plaisir de danser, de flâner sur le tempo, rien d'autre. J'ai la sensation de retourner voir une ex. Mon cœur s'emballe. Mais abandonnant tout projet de sociabilisation, je retrouve ma quiétude. Ne pas ressentir ce désir m'apaise. Pas de mots, pas d'erreurs. J'observe les autres jouer avec leur image. Ca me fait ni chaud ni froid. Non... peut être est ce que je m'amuse. Oui je m'amuse. C'est comme regarder un spectacle. Quand l'un des acteurs croise mon regards, j'aime voir s'il gardera le cap. La plupart tiennent, même si je perçois certains vacillement, quand ce n'est pas un sourire complice qui nous lie "toi et moi, on sait ce qui se trame"

La danse, comme les 1ere fois. La musique me suffit. Je provoque la jeunesse superficielle sans qu'elle puisse m'atteindre. Dorénavant je connais ses pièges. Je n'ai pris aucune drogue, je n'ai pas cherché à intégrer la société du vide, à m'y faire des amis ou des ennemis, je suis parti avec suffisamment d'énergie, plus tôt qu'à l'habitude, un bon livre pour le retour.

mardi 7 janvier 2014

Tous innocents, tous coupables

J’aimerais que vous sachiez que grâce à nous, des gens violent, torturent et tuent. J’aimerais que vous sachiez que si vous étiez née homme en Arabie Saoudite, vous seriez peut être partisan de la lapidation. Parce que nous sommes le produit d'un milieu, nous sommes tous innocents et tous coupables, de mille manières différentes. J’aimerais que vous sachiez que si un homme flanche, c’est toute la société qui est responsable. J’aimerais que vous sachiez que je réfléchis à ma part de solution. J’espère que vous aussi. Parce que la haine à souvent engendré plus de haine, à l'inverse de l'amour, vous pouvez sauver ce monde putain de bordel de merde!

lundi 6 janvier 2014

Le pouvoir est une ordure

Rassurante dureté du jugement, tu te moques de la souffrance en étant le précurseur dédaigneux. Escaladant le mur des positions aveugles, tu es l'exterminateur du sensible, artiste anonyme. L'histoire de cette femme égaré depuis 10 ans peine à trouver ton intérêt, roi intouchable. Lorsque tu la croises ce matin alors qu'elle baragouine le langage des fous, tu poses sur le pathétique un regard assommé. Un soir, ses larmes coulent le long des mêmes décombres. Les aboiements solitaires se noieront dans la nuit... Tu l'écoutes défiler devant les fenêtres sanglantes. Une vieille femme sors de chez elle et murmure " Rentre, arrête de pleurer... ". Sa voix suffoque la poussière, et elle répète toujours "arrête de pleurer" ... Tu ne peux empêcher de plisser ton regard entre les volets pour observer celle que la déraison faisait se plier en deux, et celle dont le cris maternel ne trouvait plus d'oxygène. Devant cette scène pleine de besoin et d'impuissance, tu retournas vite sous ta couverture et appuya sur ta bouche pour que personne ne t'entende gémir... roi intouchable... guerre innommable... regarde ce que tu as fait.


http://lechocdesimages.blogspot.fr/2009/06/world-press-photo-of-year.html



dimanche 5 janvier 2014

Le silence des maux

Tout ça m'a appris quelques choses. Si certaines souffrances ont vécu aussi longtemps c'est parce que je n'aimais pas me plaindre. Je pouvais râler vis à vis de certaines choses extérieures, je pouvais en vouloir à des gens, mais je n'exprimais jamais les réelles craintes et douleurs qui m'accaparaient. C'est lorsque j'ai commencé à en faire part que les solutions sont arrivées, parfois comme par enchantement. Ce n'est pas se morfondre que partager à la vie ce qui nous tracasse. La communication, c'est une preuve d'intérêt. Les blessures qui stagnaient dans mon esprits durant des années ont évolué à partir du moment où j'ai trouvé le courage et des amis pour en parler. 

Il n'est pas évident de trouver une réelle qualité d'écoute lorsque tous paraissent stressés et habitués à un mode de communication assez limité. Je suis vraiment reconnaissant d'être tombé sur des gens qui ont su ponctuellement mettre en retrait leurs inquiétudes et leur jugements afin de me donner leur écoute lorsque j'en ai eu besoin.

En général, il ne faut ni refouler, ni demander beaucoup plus que l'écoute. Il faut trouver l'équilibre entre le coup de pouce que peux nous apporter l'autre et ce qui dépendra de notre propre recherche. Dans tous les cas, il faut la courageuse patience.