jeudi 7 mai 2009

Les affres enracinées

Je me voyais déjà avec mon sac sur le dos, mes paluches, mes pieds et mes yeux pour seuls potes, me guidant vers les plus mystérieux horizons. Je me voyais déjà parcourir la terre, improviser mes arrivées, trouver un petit job de quelques temps, me payer une modeste chambre. Je me voyais avec ma guitare, respirant l’air de liberté, m’envoler vers des sommets, glisser jusque dans l'océan, nager vers des îlots occupés par quelques bestioles. Je me voyais rencontrer quelqu’un sur mon chemin, qu'elle m'accompagne. L’aventure à deux, parce que c'est mieux. J’ai tellement fantasmé la vie pour effacer la réalité. La réalité me répugne. J’aimerais oublier qu’il faut des visas, de l'argent, des diplômes, qu’aucune île au monde n’est complètement vierge d’un quelconque traité d'appartenance. J’aimerais oublier les taxes, les frontières, les lois. J’aimerais oublier à quel point il est rare d'être bien né, tous sous pression et la vaste illusion empêchant que le citoyen moyen n'explose. On nous prive de notre joie. Et puis avec nos fers, on nous offre une télé à la con. On regarde la télé, on achète ce qu’il y passe, on se force à paraître abordable. On est faux et quand on ne peux plus faire semblant, on explose. Enfin ici. Parce que là-bas il y a la guerre. Là-bas c’est pire. Mais partout c’est pire. Le système nous oblige à avoir même peur de nous révolter. Peur de finir à la rue, ou pire, en cage, sans rien, sans personne. Tout le monde le sait. Tout le monde a peur. Faites que quelqu'un se ramène et explose tous ces rayons de hiérarchie. Le seul pouvoir qui ait du sens est celui qu'on a sur soi même. J'aimerais que les autres le comprennent... c'est qu'à moi même ça m'échappe encore.

mercredi 6 mai 2009

La populace en futal abrégé
Laissait paraître de mollusques mollets

Le roi pensa « se disaient t-ils affamés? 
Aurait il fallu que je sauvasse mes sujets? »

Il employa un charmeur de canard
Ni père ni mère, ce joli est donc bâtard

Le polisson, charmeur de volaille
Présentât donc sa toute petite taille

« Hola buenos.. » Commença le souverain
« Je ne suis pas espagnol, ta mère la cat**!»

La rêne de très vive allure
Retint son mari de faire mauvaise figure

Le roi face à cette être incongrus
Serra ses neuf doigts, le dixième dans son cul

Ceci soulagea sa soudaine haine
Puisque déjà, douleur fut sa peine

"Je ne tiendrais pas rigueur
De ton accent blasphémateur

De ta vulgarité des campagnes
Si tu me choppes quelques volailles"

Mais le charmeur n'étant pas convaincu
Se retourna vite pour lui montrer son cul

Montrer son cul à la reine !
Il fallait vraiment être sans gène !

On brûla l’inopportun et depuis le pays crève de

Fin

vendredi 1 mai 2009

"J’emmerde le pouvoir et les religions, la drogue et la prostitution, j’encule l’argent et le pétrole, ces voitures empruntées par l’alcool, j’emmerde la France ma patrie, les frontières envahis par l’ignominie. Je crache sur tout parce que j’suis seul, j’enfume le monde qui m’écrase la gueule."

Ce n'est pas vraiment un journal. C'est un défouloir. Assis dans son petit studio, Aurel relis les lignes, sans honte. La colère est un rempart à la honte. Il les a écrites il y a longtemps, peut-être quand il fut placé. Lui et d'autres adolescents, délaissés dans un foyer d'accueil. C'est l’image qu’ils avaient de leur situation. Quelques furent les raisons de leur placement, elle prenait l'odeur d'un délaissement. Celui de la famille, s’il en restait une, celui des adultes, celui de toute la société. L'ancre de toutes leurs passions atteignirent le fond de l'océan durant cette tranche de vie. Ils apprirent ensuite à voyager avec. Se furent ils équipés en voiles? En cargaisons alourdissantes? Balancèrent t-ils l'équipage par-dessus bord?

Aurel tourne les pages jusqu'à ce qu’elles demeurent vierges, pose la pointe son stylo et cherche l'équilibre d'un funambule... Aucune émotion ne lui revient. Le voisin fait cracher sa sono, le papier peint tremble. Il n’arrive pas à se concentrer. Le précipice de la feuille lui donne le vertige. Il balance son journal dans un coin, enfile un blouson et sort dans la nuit remplis d'encre et de réverbères.