mercredi 21 mai 2014

Valérie.







"J'ai un trou béant et des rêves trop grand quand je t'attends, je t'attends, je t'attends... Je ne veux plus être un petit bout sur le monde mais dedans, bien grand, justement..."

J'ai escaladé une église pour me sentir vivant, pour me sentir fort et dépasser ma solitude. Ce n'est pas un hasard si je me suis retrouvé sur cette croix, soumis au choix ignorant, touchant et agaçant des mecs qui m'ont descendu de là. Il fallait que j'atterrisse dans ce nid de coucou dont j'avais tant parlé...

Le premier jour j'ai mangé avec deux vieilles femmes et un écrivain maladroit. Ma. est une sexagénaire rebelle ayant vécu l'époque de la libération des mœurs, une hippie en somme. Elle jure et s'esclaffe comme une adolescente moqueuse, ses plaintes sont assumées avec un sourire taquin et si parfois la récurrence est douloureuse, c'est par nostalgie de ses 20 ans. Au début, nous nous étions bien marrés tous les deux, avant qu'elle ne broie sévèrement une obscurité qui l'accompagnait depuis longtemps. En face d'elle, Di., un petit bout de femme du même âge et d'une douce timidité. Ma. s'occupe un peu d'elle et la traite de gamine. Ma. aime les gens et les insultes, sans méchanceté mais provocatrice. Elle a cette maladresse des gens qui souffrent de donner de leur temps et ressentent l'injustice d'en recevoir moins. Le cœur n'est pas une mécanique... Ma. l'a oublié. C'est sa maladie, celle qui l'élance dans ce qu'ils appellent la bipolarité. Elle refuse d'ouvrir les yeux sur ce qui l'entoure pour se perdre dans le regret de son passé, des gens qu'elle a aimé et qui ne viennent plus la voir... Di., elle est souvent silencieuse, excepté quand elle s'agace et qu'elle répète "ils vont bien me laisser partir un jour quand même ?" "m'en fiche, je ne mangerais pas". J'ai rendez-vous avec le médecin dans quelques jours pour prévoir ma sortie. Je n'ose pas imaginer le tourment de ceux qui attendent une date qui ne se présente pas. Si seulement on leur faisait penser à autre chose...

Dans le jardin il y a Ja.. Elle a perdu son fils et attendait que l'on rît avec elle. La vieillesse nostalgique, elle est pipelette mais très douce. Ma. et moi sommes bon public, alors elle nous raconte la fois où elle et ses sœurs ont dû uriner sur les roues grinçantes d'un chariot alors que des bombardiers les survolaient durant la seconde guerre. Le rire facilite la prise de risque. Je lui dis que son fils fait toujours partie du monde. Elle me raconte d'autres choses qui lui sont restées pendant que Ma. soulage l'envie pressante que l'histoire et la rigolade lui ont donné.

Mon voisin de chambré s’appelle Fa. Il a l'air simplet, agit lentement, comble le silence par des gestes évocateurs et complices, écoute gravement, aide sans demander si besoin est, fait de longs allers retours entre son lit et la salle de bain, me montre ses nouveaux habits, se fige au milieu de la pièce avec les bras et les mains en attente, comme s'il allait attraper quelque chose, fronce sévèrement les sourcils quand on l'embête, par-dessus son regard tantôt pénétrant, tantôt amorphe, le fait glisser sur les rainures de la fenêtre, toujours avec cette extrême lenteur aux aguets... Quand je suis assis, il vient devant moi, à un mètre, me regarde, et attend qu'on se dise quelque chose. On fait des balades silencieuses dans la cour. Il reconnaît un séquoia et me dit que son métier était d'entretenir des jardins... Plus tard il bégaie sa colère, qu'il a fait de grosses bêtises, qu'il connaît un meurtrier, qu'il a appris à son fils à se battre, que son frère c'est lui en pire et en prison. Pourtant je n'ai pas envie de changer de chambre. C'est un bon gars, même s'il lui manque un bout de son cerveau à cause d'un passé violent. Il me demande si j'ai bien dormi. Il vient me chercher pour manger. Il veut savoir si je pars bientôt… 
Je. est un sexagénaire maigrelet à la voix grave et bestiale, forte et affamée en même temps, comme rescapée d'un naufrage. Il se pavane toujours la bouche et les yeux grands ouverts. Il ressemble au bonhomme de la peinture "le cri". Il demande continuellement des cigarettes à tout le monde. Certains infirmiers sont exaspérés et ont pris l'habitude de l'enfermer dans sa chambre le matin... Le premier jour j’entends qu'on l'attache au lit et Je. se met à crier toujours les mêmes mots incompréhensibles pendant plusieurs heures. Deuxième jour. Ils l'ont enfermé dans sa chambre, il tabasse la porte toutes les 30 secondes, toujours avec les mêmes plaintes, les mêmes demandes. Troisième jour, Je. est encore enfermé. Quatrième jour. Décidément, ce mec a plus de persévérance qu'un alpiniste à trois mètres de son objectif. Quand je vais lui parler il me semble que ses énervements sont la réponse logique à la surdité de ses interlocuteurs. Soulagera-t-on ses coups de piquet dans la glace ? Tout ici me paraît être une punition. Depuis l’enfermement physico-psychique que subit Je. jusqu’à l'absence d'activités, de couleurs sur les murs, de musique dans les couloirs qui rendrait le quotidien des internes plus doux, et celui des infirmiers également. La guérison n'est pas une lassitude qu'on estompe avec des médocs. J'ai eu l'occasion de voir leurs effets déconnectant sur la lucidité de Ma. Après le déjeuner elle devient absente, ses yeux bleus à demi ouverts fixant des encoignures. Des gens passent, trop rapides pour que son esprit les captures. Je passe une main devant son visage qui n'est plus une figure. Elle ne sourcille pas. Elle est comme un arbre. Il lui faudrait dix ans pour articuler un mot. Je m’avachis sur la chaise à côté de la sienne en me rassurant. Elle dort les yeux ouverts. Ce n’est pas bien grave. C’est comme si elle planait, très très loin. 
J'étais allé dans le bureau des infirmiers pour leur parler de la monotonie de l'hôpital. Une infirmière, assez condescendante, me proféra très rapidement que je ferais mieux de m’occuper de mes propres problèmes, vous savez, pas comme un conseil amical, au contraire. Je cherchais simplement à parler et cette infirmière voulait que je retourne m'enfouir dans mes problèmes. Étant dans un hôpital, mes problèmes pouvaient être abominables. Je lui ai quand même dis ce que je pensais. Elle avait l'air stressé à remplir toute cette paperasse en ne m'écoutant que d'une oreille. Elle me lança un sourire diplomate en m'assurant que, toujours avec cette autoritaire et froide brièveté, ils étaient surchargés de travail. Personne n'avait l'air pressé à part elle. D'ailleurs, les autres infirmiers ne nous regardaient pas. Ils ne voulaient pas prendre parti… Ils étaient carrément gênés. Plus tard, j'ai pu mesurer qui était cette dame, infirmière depuis plus de 30 ans. Elle s'était permises des remarques et parfois des gestes que toute personne censée jugerait inacceptable. Des actes qui ne l’empêchent pas de continuer à travailler - parce que je ne suis pas son patron - mais que j'imagine avoir de sérieuses répercussions sur l'état psychique des patients qu'elle croise. Déjà, parce que je ne voulais pas prendre les médicaments que le médecin m'avait laissé le choix de prendre ou non, un autre infirmier m'avait attaqué d'insinuations péjoratives au lieu de me demander pourquoi, de m'écouter. Ça m'avait déstabilisé tant je trouvais sa démarche inadéquate, complètement absurde, intentionnellement provocatrice, potentiellement piégeuse. Alors cette infirmière, faisant bien pire à des gens beaucoup plus fragiles que moi ! L'hôpital psychiatrique est un contexte délicat ou nous nous sentons sous l'emprise du jugement des infirmiers. Celui-ci peut contribuer à nous faire sortir ou rester plus longtemps. Les patients ont besoin d'un soutien inconditionnel pour s'ouvrir et réellement profiter d'un séjour efficace, ce n’est pas ce que j’observais ! Il y a des métiers qui devraient être "inconditionnels"! Tous les métiers ou l'humain prédomine, et bien... l'humain devrait prédominer ! Leurs acteurs devraient avoir une ligne de conduite irréprochable, des formations obligatoires pour développer leurs qualités humaines, car leur mission est foutrement importante ! Le monde a trop d’orgueil pour comprendre l'aspect crucial de ce genre de boulot. 
Fr. est une femme dont la fragilité est proportionnelle à la force, et les deux sont immenses. Je l'ai vu pour la première fois alors que je commençais à lire une pièce de théâtre que Th, l'écrivain, avait écrite. Il y avait Ma, Di, et deux nouveaux arrivants assis avec moi. Fr. me paraissait s'être rongé les ongles toute sa vie. Son corps menu et fébrile ne présageait pas le discours, oh combien perspicace et prégnant, dont elle allait faire l'offrande à nos yeux, nos oreilles et nos âmes. Je n'ai jamais eu l'occasion de voir en chair et en os une oratrice aussi talentueuse qu'elle. Elle avait les connaissances, la lucidité, les convictions clamées par le regard perçant et la gestuelle théâtrale, une dérision appropriée et de nombreuses remises en question prouvant sa bonne foi, son objectivité, sa lucidité. Une véritable virtuose du discours, une conteuse organique et chevronnée, d'autant plus que tout était improvisé puisqu'elle ne faisait que répondre à nos questions. Il y eu la première, et les autres furent rarissimes. Tout le monde la regardait avec émerveillement, elle n’eut même pas l’air de s’en rendre compte, nous étions absorbés ! Elle n'était plus ancrée au milieu de son sujet mais le surpassait par une vue nous donnant le vertige. L'important d'une controverse, la politique, nous semblait avoir été parfaitement étudié, traité, classé. Nous voulions tous qu'elle soit notre présidente, pour les idées qu'elle avait, pour sa compréhension du système mais également pour sa poigne. Par la suite, à chaque fois qu'elle me racontait des trucs, j'étais absorbé par les vibrations de sa voix et le pétillant de son regard beaucoup plus jeune qu'elle. Il émanait d'elle une vibration fascinante, elle avait une manière à la fois humaine et implacable de s'exprimer. Sa foi immense semblait découler d'un continuel effort de recherche, de remise en question, et c'est ce qui lui fit surmonter les traumatismes qu'elle trimbalait depuis l'enfance. Un effort de lucidité, un amour pour la vérité inaltérable mais proportionnellement épuisant pour elle... Je n'ai jamais pu palper sa détresse, seulement l'entrevoir dans ce qu'elle me racontait. Elle semblait normal, quoi qu'on palpait dans ses traits, à côté de sa vigueur et son charisme, une certaine nervosité, comme une surdose d'urgence qu'elle maintenait constamment sous une coupe de réflexion. Comme chez beaucoup, c'était le un peu qui cachait la forêt. On était tellement habitué à voir ça chez les passants de tout poil. Un peu d'anxiété par ci, une petite crise par la. Nous mimions l’étonnement sans réellement l'être. Au fond, la détresse des autres, reste encore trop théorique à non sens. Nous nous doutons bien qu'elle est là, dans toutes les histoires qui nous son conté, mais dans notre quotidien nous passons tous tant de temps à tout camoufler que nous ajournons cette pensée sans plus nous douter de rien. Mais à l'hôpital, il y avait tous les jours des nouvelles têtes. Des têtes pas ordinaires, des têtes de gens qui nous auraient accroché le regard dans la rue, et des têtes tout à fait banales, des têtes à porter des masques et à nous rassurer. Fr, elle avait une tenue très prévenante et dynamique. Je n'imaginais pas que ses traits puissent se durcir, j'avais peur de l'imaginer, que son visage si avenant puisse soudainement se tordre sous la démence. 
Th. est un grand écrivain méconnu et fragile. Il attrape son verre avec deux mains, comme un enfant, tellement il tremble. Surement les effets des médicaments cela dit. Mais il demeure tout de même si sensible que lorsqu'il parle... rien n'est banal. Pour lui, ça ne peut être autrement. Il me dit qu'il aime les mots. Il n'y a aucun doute qu'elles le maintiennent dans une vie pleine d'amour et de souffrance. J'ai l'impression qu'il se poignarde avec des fleurs et que son sang est une sève mystique, réactive et créatrice. Une lumière qui le consume à mesure qu'elle s'étend en lui. Tout le long du séjour j'ai lu une pièce qu'il avait écrite "De l'amour pour vous tous"... des personnages aux caractères différents vivent dans une atmosphère sécurisante depuis aussi loin que leurs derniers souvenirs. Pourtant, un vague sentiment d'incomplétude, de manque, les fait toujours attendre la venue d'un personnage mystérieux du nom de "l'écrivain" qui émerveillera leurs questions de sa poésie amoureuse. A travers cette pièce magnifique Th. confesse sa recherche du sensible, des mots, qui donnent leur ampleur en même temps qu'une signification à la vie. 
Je lisais cette fameuse pièce à côté de Va, une jeune femme toute maigre attachée au dossier de son fauteuil roulant par des draps qui la retenait lorsqu'elle tanguait d'un côté, restant un moment comme ça, puis de l'autre, les bras au-dessus de la tête, cherchant à saisir quelque chose au bout des ses bras osseux et désarticulés, penché au point de presque toucher le sol. Derrière son mutisme, ses traits épouvantés et son regard persistant, écarquillé au possible, pleins d'une dure détresse, lui donnaient l'air de communiquer constamment. Même lorsqu’on l'oubliait tout un après-midi dans le couloir, son visage voulait parler. Elle attrapait les gens avec son regard, parfois avec ses mains. La première fois qu'elle m'avait saisi le poignet, mon voisin de chambré, Fabrice, s'était excité en criant qu'elle me lâche et m'avait tiré en m'ordonnant de la laisser. Ça m'avait agacé. Ça m'avait agacé qu'elle est cet air d'handicapée limitée qu'il faut laisser tranquille. J'aurais bien voulu rester avec elle moi. Alors j'étais venu lire la pièce de Th. à côté d'elle. Je lisais, et parfois je me tournais vers elle pour qu'on se fixe. J'avais l'impression qu'elle voulait me soumettre, son regard était dur, mais parfois il s'assouplissait. Elle tourna la tête, revint vers moi, m'attrapa la main, posa sa tête sur mon bras, resta un moment comme ça, se redressa, se mis en colère sans bruit et envoyant ma main balader, la sienne dans ma joue avec ses faibles forces et se détourna. Je recommençais à lire. De temps en temps je l'observais. De temps en temps elle aussi. Sinon son regard se perdait, où suivait précisément le passage d'un patient. Je préférais lorsqu'on se sondait tous les deux. C'est con. Les infirmiers lui parlaient normalement lorsqu'elle mangeait, c'est donc qu'elle comprenait, mais j'étais rassuré de lui voir des réactions logiques. Néanmoins ça ne me suffisait pas. Je voulais que d'autres expressions fleurissent sur son visage. Je voulais cultiver cette parole qu'elle avait du mal à moduler. Je voulais qu'une abondance d'émotions fasse succomber son malheur. Je voulais qu'elle se lève et qu'elle s’exclame "Je ne suis plus terrorisée ! Je suis guérie !" J'avais cet espoir secret quand je lisais à côté d'elle. Au fur et à mesure que la pièce arrivait vers son joli dénouement, je désirais de plus en plus que ça se réalise. Je n'avais pas osé dire son nom où la toucher. Je ne savais pas comment elle réagirait, et je craignais plus fort qu'elle ne réagisse pas du tout. Mais le dernier jour, quelques minutes avant mon départ, j'ai osé. Je me suis rassuré de sa présence en disant son nom. Elle s'est retournée, ça m'a rendu heureux. Je lui ai caressé la main. Elle ne bougeait pas. Je pensais aussi à mon départ. Je me suis levé pour aller en face, dans le bureau des infirmiers, demander quand est ce que j'étais autorisé à partir. Je me suis retourné. Elle me regardait avec une expression que je ne lui connaissais pas. Je ne voulais pas gâcher le soulagement de ma sortie par l'angoisse de rester plus longtemps. Je lui ai dit au revoir. Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite. Mais maintenant, quand j'y repense, ça me brise le cœur. Elle avait réagi en entendant que je partais. Elle avait compris. Cette femme qui tanguait comme une dingue sur sa chaise pour nous attraper. Les infirmiers s'en rendaient ils compte? Toute ma vie j'aurais son visage dans mes yeux.

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Plus je vais, plus je reconnais le monde qui m'entoure, plus je sais comment y vivre. Je ne l'ai jamais fait seul. Personne ne se passe de l'altérité. J'ai vu quelques infirmiers comprendre cette notion et la chérir. Ils n'avaient pas la prétention de changer le système, ils n'avaient pas la prétention de le défendre non plus. Ils étaient simplement présents, dévoués à une tâche dont ils tenaient les rênes avec une confiance douce et nécessaire. Ils n'attendaient pas qu'on les remercie. Ils avaient totalement effacé leur orgueil. Ce genre de personnes sont des guérisseurs, des héros. La peur est inhérente à la vie. Nous arrivons ici et ne savons rien. Mais nous apprenons. Nous apprenons que nos émotions peuvent être canalisées pour devenir des conduites. Quoiqu'on en dise, prendre le risque de monter sur cette église était un geste plus vivant et moins absurde que son envie de nous "sauvegarder" dans sa folie à elle, psychiatrie austère et stérile de Béziers. Je cherchais des réponses. Je les ai trouvé. "Je ne crois pas en l'amour. Je ne crois qu'en l'amour "C'est Bobin qui a dit ça.


Si quelqu'un m'entend, faites que Valérie guérisse.

samedi 3 mai 2014

Le vent est un bon berger

Des années de questionnement, d'observation et de chrysalide. Au dessus, le plus récent. Loin derrière, le passé. J'ai essayé tant bien que mal de restituer l'ordre chronologique. Il n'est pas parfait. Beaucoup de choses se sont mélangées, dans ma tête et dans le temps. Dans tous les cas, j'espère qu'on se rend compte de l'évolution. Je me souviens de la douleur, elle me paraît irréelle tant je ne saisis plus sa logique. Mon cœur s'emballe un peu quand je relis. Je me rappelle avoir imaginé à une époque "Je n'arriverais jamais à guérir" quoiqu'on en pense, c'était un constat des plus probables que j'ai surpassé de toutes mes forces. J'étais en plein désert, assoiffé et la peau sur les os, et j'ai suivi les petites traces imperceptibles qu'il y avait dans le sable sans être certains que ce n'était pas mon imagination : "ce n'est pas juste du sable. Ces traces ont un sens". De toutes mes forces. J'aime la lumière telle que je l'ai découverte. Je ne l’abandonnerai pas.

vendredi 2 mai 2014

I love you train


J'ai passé ma vie à attendre dans un train que la vie se dilue dans mon esprit. La vitesse, le fait d'être transporté, les paysages qui défilent... ç'a m'a toujours donné la sensation apaisante que la terre était en train de tourner, que la vie poursuivait son labeur, sans moi mais aussi pour moi. Entre-temps, il y aurait eu de grandes transformations, un renouveau, dont le processus compliqué ne m'incombait pas... Le train, c'est un raccourci de la vie. Il faut se laisser porter d'une vie qui s'éloigne vers une destination inconnue. Si nous arrêtions le train, nous tarderions à arriver. Si nous sautions à l'extérieur, nous n'arriverions peut-être jamais. Si nous faisions n'importe quoi, nous connaîtrions des emmerdes. Si nous nous hâtions dans n'importe quel train, nous ne saurions pas où l'on va. Le plus facile à faire c'est : prendre un train et se laisser porter. Nous devrions traiter notre vie de cette manière. Beaucoup de gens ne savent pas voyager. Ils s'affairent constamment. L'ennui est paisible ici, propice aux rêveries. J'ai senti certaines choses se distendre, certains nœuds se défaire et le brouhaha s'apaiser. Les plus chouettes voyages que j'ai fait en train étaient ceux pour aller jouer les animateurs dans une colonie. J'adore les gosses. Ils sont prodigieux pour plein de raisons. Je crois qu'on veut des enfants pour perpétrer l'amour perdu que donnaient nos parents aux gamins que nous étions.

jeudi 1 mai 2014

Les pinceaux que l'on lave souvent

Je suis reconnaissant pour ma famille qui reste malgré tout présente. Ma mère, ma petite soeur, mon petit frère, mon père, ma grande soeur, mamie De. qui s'inquiète souvent de prendre des nouvelles auprès de ma mère.

Je suis reconnaissant pour les amis et les potes. Vi. et Be., mes 2 frères. Gu., To., Qu. et Vi.. Mes putains de Panda ! Am. et Em., mes 2 gouines, même si on ne se voit pas souvent.

Je suis reconnaissant pour ses amitiés réunionnaises qui se sont éloignées. Ju., Th., et tout les potes de là bas.
Je suis reconnaissant pour les rencontres. La fille au chat. La fille de l'aéroport. Le sdf de paris. Les gens en général. Les bons, les mauvais, qui ont tous la capacité d'aimer puisqu'ils vivent.
Je suis reconnaissant pour les chercheurs qui trouvent de quoi aider la vie.
Je suis reconnaissant pour l'art, exutoire connecté aux choses.
Je suis reconnaissant pour l'amour. Le regard qu'on m'a porté. Je suis reconnaissant pour Luna. Ca ne fait pas longtemps qu'on se connaît, mais je l'aime beaucoup. Je suis reconnaissant pour sa douceur.
Je suis reconnaissant pour mes guides spirituels. Bouddha, bien sûr, AJ Hoge, cet incroyable prof d'anglais dont l'énergie nous transforme, Lenoir dont 2 bouquins m'ont déjà énormément aidé, Bodin et sa poésie, la philosophie et la vie qui ne cessent d'être désirables, inspirantes, extensibles, magnifiques.
Je suis reconnaissant pour les coups durs et les armes qui m'ont été donné pour les surmonter.
Je suis reconnaissant pour les capacités infinis de développement de notre esprit, la méditation, l'attachement et le détachement. Je suis reconnaissant pour la lumière et le sommeil qui sont réciproques.
Je suis reconnaissant pour ce que je suis. Le passé, le présent et mes espoirs en l'avenir.
Je suis reconnaissant pour le week end chez Am., et reconnaissant pour cette épreuve à Montpel. Je me suis rendu compte à quel point il était important pour moi de fonder un partenariat plein de confiance.