dimanche 27 mars 2016

Méditer brise les barrages, libère les courants, de la même manière que rire ou pleurer. Les rires, les larmes, courants de lumière effectuant le même travail, empruntant les mêmes chemins, les mêmes ouvertures.

Qui du soleil ou de la lune donne le meilleur éclat?

Qui peut répondre sans enfreindre un seul de ses sens ?

La lumière n'est elle pas sans propriétaire, recréant à chaque croisement un nouveau mirage? Je n'ai pas vu en la lune le pâle reflet du soleil mais celui de mes fantasmes schizophrènes.

Qui dans la nuit n'a pas été bercé par le ruisseau qui retranche le jour dans ses rêves sauvages?

Mais si quelqu'un ne rit ou ne pleure plus, il vaudrait mieux qu'il brise tous les miroirs qu'il croise, qu'il en devienne un lui même, perméable aux vents des carrefours, voix du monde qui décapent et libèrent les courants.

dimanche 20 mars 2016

Parole impeccable

On se sert de la liberté d'expression pour légitimer les moqueries. On appelle ça "l'humour". La médisance est un sport que l'on pratique à toutes les sauces.

Il y a de la pertinence dans la colère d'un ado. Mon dégoût et mon rejet du monde adulte m'avait aussi protéger de certains de ces comportements absurdes.

Je n'ai jamais aimé m'en prendre aux autres. Trop gentil, trop simplet, trop circonspect... Qu'en sais je... solitude pleine de recoins. Si elle me fournit le recul d'un regard critique, elle ne comble pas entièrement mon désir d'attachement.

Au milieu de l'insupportable calomnie et de mon incompétence relationnel, j'accumule jusqu'au ras le bol. C'est à mon tour de pestiférer, de m'inventer des ennemies, des coupables, d'exhiber ma frustration en les taclant.

Je me reconnais dans les comportements pesant que je décline.

Ne plus mépriser le mépris, ne pas tomber dans le piège...

Les 4 accords toltèques:

Que votre parole soit impeccable
Quoi qu'il arrive, n'en faites pas une affaire personnelle
Ne faites pas de suppositions
Faites toujours de votre mieux





samedi 19 mars 2016

Le héros qui dort

Dans nos conflits intérieurs, nous projetons nos échecs sur les autres, méprisant par jalousie ou par dégoût ce qu'on ne réussit pas à comprendre chez soi... L'on critique les autres sans voir les mêmes lacunes chez soi. Par exemple, beaucoup des détracteurs de la religion se complaisent dans des dogmes et idoles, souvent plus que le font de simples pratiquants. Le domaine qui crée le plus de drame au monde n'est pas la religion mais le commerce... et l'on y trouve plus d'extrémistes que partout ailleurs.

L'empressement et la peur forment des lignées d'ignorants apeurés préférant être mauvais juges plutôt qu'apercevoir les murs qu'ils gardent érigés autour d'eux... Les sources de divertissement sont multiples et nous soumettent en nous détournant d'une connaissance profonde de nous même et du monde.

Qui sommes nous? Qui peut affirmer avoir fait le choix conscient de sa personne? Qui peut affirmer s'être libéré d'un "soi" formuler par l'extérieur?

Les choix décisifs de nos vies? Ils ne fournissent qu'une illusion d'autonomie si les croyances dont ils dépendent n'ont pas été préalablement et puissamment remis en question. La liberté découle d'une observation critique de notre personnalité au sortir de l'enfance, période où, ballonnés entre nos sensations et les croyances du monde, nous n'avons fait que "subir" les choses (C'est le poids et la grâce de tout enfant de subir les choses)

Lorsque nous naissons, nous sommes inondé d'une lumière pure. La vie éclate en nous sans que nous ne jugions rien. D’incroyables sensations nous parviennent et nos sens s’abreuvent de leur propre savoir…

Enfant, le monde nous apprend à croire en des choses qui nous échappent. C’est inévitable. Nous vivons au plus près du présent et nos pensées s'aventurent rarement ailleurs, si ce n'est dans les fantasmes inconscients que construit notre quotidien.

Puis notre esprit devient de plus en plus réflexif. Notre conscience se développe et nous enveloppe. Nous soutirons à notre mémoire des éléments pour les comparer. Nous sommes en capacité d'opérer des choix, de construire et de déconstruire sciemment savoir et croyances.

C'était sans compter sur ces entités auxquelles nous avions amarré nos habitudes lorsque nous étions sans défense: la société, les parents, l'école, la religion...

L'erreur n'est pas tant d'avoir été éduqué et conditionné, mais de se complaire sans vérifier par soi même qui nous sommes devenus.

Faire la part entre "croyance" et "savoir" est un parcours parfois difficile. Déconstruire toutes les dépendances et les illusions auxquelles nous avons été soumis demande un vrai entêtement et une patience combative. Nous restons tous les fantômes de la société avant ce long cheminement solitaire que, en vérité, peu choisissent de poursuivre.

J’ai débuté la méditation il y a 4 ans pour me sauver de la mélancolie. Maintenant, je vais mieux et je médite moins à certaines périodes. C'est dommage car juste après une séance, j'ai l'impression de retrouver les 3/4 de ma vitalité.

Ce matin, j'ai médité si profondément qu’en ouvrant les yeux, j'ai cru être immortel. Mon corps vibrait toutes les possibilités que j’avais rêvé sur la vie. Un formidable optimisme me traversait.

J’ai pensée : La vie est semée de pièges dans lesquels nous tombons tous. Certains ont développé cette "arme" qui leur permet d'assumer leur chute tandis que d’autres sombrent continuellement. Cette arme porte un nom...

La mesure de mon sentiment d'immortalité de ce matin n'a d'égal que la gêne latente qui m’accablait ces derniers temps. Je suis tombé dans un piège dont j'ai mis quelques temps à me relever.

Consommateur engagé depuis 4 ans, je me suis confronté à des collègues en leur disant que leurs pratiques étaient destructrices. Je manquais d'assurance. Je ressentais que mon approche se limitait dans le jugement et que je me confronterais à un mur. Je n'arrivais pas à exprimer les débats qui me portaient à cœur. Ça me frustrait.

Ce matin, j’ai compris que je m'y prenais à l'envers.

Les choix d'un individu sont le reflet de la perception qu'il a de lui même. Toutes ses croyances du monde extérieur en découlent. Il refusera parfois de se confronter à certains débats quand ceux là risqueraient d'ébranler les certitudes qu'il a de son existence. C'est pour cela que toute personne érige au cours de sa vie une protection contre sa propre vulnérabilité: la zone de confort. Certains sont réticents à en sortir lorsque personne ne leur a enseigné ce trésor caché au fond d’eux même: un héros, souvent étouffé par une enfance conditionnée…

Comme beaucoup de film,"Matrix" parle de ça: La difficulté de la vérité, la lutte pour y parvenir, les croyances qui nous détourne du héros le plus important du monde : Nous même. Dans Matrix, au milieu de buildings, Néo prends d'abord conscience que le monde qui l'entoure est une illusion avant de se battre pour rejoindre le monde réel. Au début il n’est jamais facile de vivre pour cette liberté et il faut s’armer de courage pour s’opposer à ceux qui cultivent l’illusion et la dissimulation. Même sur le chemin d'une conscientisation, tenir à distance d'anciennes croyances peut être déroutant. Dans Matrix, Cypher décide de refouler la vérité au profit de ses habitudes. Quand on s'y accroche, celles ci sont le socle d'une protection qui devient notre propre piège: la zone de confort. Cypher connaissait les conséquences de son retour dans l’illusion mais préféra trahir ses amis et son intégrité au profit de sa zone de confort. Pourtant, une chance unique se présentait à lui : renaître. Mais ça, il ne le savait pas…

Après ma méditation, j'ai compris le point fort de mon enfance déstabilisante: ma zone de confort à constamment été détruite, et je n'ai eu d'autre choix que me lier à la réalité pour y créer une zone qui en dépendrait: Je suis vulnérable. En acceptant ma fragilité, j’acquerrais une "non-protection" plus efficace que n'importe quelle armure. Je n'avais plus besoin de fermer les yeux sur la vie ou sur moi, fut ce pour nos échecs ou nos gloires. Ce héros, c'est le cœur, et à son stade le plus évolué, c'est l'amour inconditionnel. Mais comme beaucoup en ont été privé, nous maintenons notre cœur étouffé sous le poids du passé.

La liberté ne se dispense jamais d'une prise de conscience et, souvent, c'est la honte qui nous en prive.

A force de croyances ébranlées, j'ai appris à ne plus culpabiliser de grand chose. J'ai acquis plus d'estime pour la vie et pour moi même après avoir entrepris des recherches sur la personne que mon enfance avait façonné et celle que je voulais devenir. Mes efforts ont révélé ce trésor plus puissant que n’importe quelle zone de confort : je suis un héros. Pourquoi? Parce que je souhaite vivre en harmonie. Ce n'est pas seulement un souhait, ce sont aussi des actes qui me fournissent ce sentiment accordé aux héros : de la dignité. Pour moi, vivre en harmonie est l’unique façon de d'apprécier l'existence d'une intensité authentique, forte et stable.

La liberté des uns s'arrête là où commence celles des autres et c'est en défendant chacune de ces limites que l'on crée d'avantage d'harmonie. Je me suis toujours attaché à tout remettre en question pour entretenir ma liberté et, dans la mesure de mes capacités, inspirer celle des autres, car ça va ensemble.

La plupart des gens qui commettent des actes aux conséquences néfastes n'en ont pas conscience et ne savent pas comment devenir leurs propres héros. Ils n’y pensent même pas. Si je leur expliquais comment faire il leur faudrait beaucoup de temps avant d'y songer sérieusement. Et c’est normal… abandonner l'envie de tout contrôler, apprendre à faire confiance au présent et à son intuition etc... tout cela peut sembler dérisoire face aux habitudes ancrées dans notre routine. Les habitudes nous en rendent accrocs, les habitudes sont une drogues. Le fait que tant de thérapies différentes aient vu le jour, des plus conventionnelles aux plus mystiques, est révélateur du malaise que l'on vit, même si nous le refoulons plus ou moins afin de pouvoir nous intégrer.

Notre manière d'exister, de nous exprimer, est de donner du sens aux choses. La société du conditionnement occulte notre héros intérieur en nous gavant de substitut, détournant notre attention et banalisant nos agissements. Notre besoin de sens est submergé par le désir de performance, la consommation de divertissement virtuel, matériel, alimentaire...

Le monde est bourré de ces savants du marketing qui ont effacé l’idée de dignité de nos esprits. En résulte des fantômes parfois bien habillés mais dont l'assurance n'existe qu'en surface.

Les découvertes de ceux qui sont leurs propres héros sont les plus puissantes, même si elles sont souvent remises en question pour leur aspect "naïf", ou sortant de l'ordinaire. Pourtant, l'énergie d'un héros le pousse à observer son environnement mieux que quiconque.

Notre humanité est en cause: Nous aimons surpasser notre condition, nous sommes des êtres hautement créatifs. Notre conscience est expansive. Notre humanité est expansive. Tout notre être est expansif. Nous avons tous la capacité de renaître plusieurs fois si nous acceptons de sortir de notre zone de confort.

L'amour découle d'une confrontation constante. Celui qui aime et se confronte peut faire face à n’importe quelle vérité, et d’ailleurs, c’est ce qu’il recherche, car c'est ainsi que l'humain se réalise. Un héros distingue ce qui semble banal pour la majorité mais n'a rien d'anodin pour lui: la franchise et la dissimulation, l'amour et la violence, le mépris et la considération...

Dans un monde ou le mensonge et la dissimulation planent, être honnête, c'est être engagé. Être honnête, c'est être vivant.

La pire ennemie de l'introspection est la culpabilité. La seconde est la fainéantise. Toutes 2 se retrouvent dans la zone de confort.

Au lieu de demander aux gens d'arrêter de manger tel chose, d'acheter telle chose, de voter pour untel, ou de vivre de tel façon sans en comprendre le sens, j'aimerais leur demander d’aimer les questions, et aussi celles sur eux même. J'aimerais leur demander que cette quête soi d'abord toute petite mais quotidienne.

La liberté de tout un monde prend racine dans la conscience de l’individu. L'humain le plus méprisable peut devenir le plus grand des héros. C’est le trésor inaltérable qu’a donner la vie aux êtres humains.

"On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux" Antoine de Saint Exupéry

https://www.youtube.com/watch?v=6w_nlgekIzw

dimanche 6 mars 2016

Ecoute...


Si je devais perdre un sens, ce serait la parole, pour être simple témoin. Porter la vertus du regard au rang d'art. Le regard que l'on jette sans attache, fuyant le port de notre orgueil, glissant sur toutes les vagues.

Je n'ai plus peur de la souffrance

Je n'ai plus peur de la souffrance. Elle est le signe que quelque chose émerge en nous. Chaque chute, chaque humiliation, chaque abandon, chaque crainte peuvent nous apprendre un peu plus l'art du détachement. La douleur est source de dépassement de soi et d'apprentissage si nous l’observons avec confiance. Il ne faut pas l’étouffer, au risque qu'elle persiste avant de s'enfuir dans une région de notre être. Il sera alors difficile de lui remettre la main dessus, elle n'aura plus l'occasion de se muer en sagesse. Il faut se laisser porter, aimer chaque sentiment comme un nouvel acte de notre passage sur terre. J'ai 26 ans et j'apprends à aimer toutes les parties de ma sensibilité.