vendredi 1 mai 2009

"J’emmerde le pouvoir et les religions, la drogue et la prostitution, j’encule l’argent et le pétrole, ces voitures empruntées par l’alcool, j’emmerde la France ma patrie, les frontières envahis par l’ignominie. Je crache sur tout parce que j’suis seul, j’enfume le monde qui m’écrase la gueule."

Ce n'est pas vraiment un journal. C'est un défouloir. Assis dans son petit studio, Aurel relis les lignes, sans honte. La colère est un rempart à la honte. Il les a écrites il y a longtemps, peut-être quand il fut placé. Lui et d'autres adolescents, délaissés dans un foyer d'accueil. C'est l’image qu’ils avaient de leur situation. Quelques furent les raisons de leur placement, elle prenait l'odeur d'un délaissement. Celui de la famille, s’il en restait une, celui des adultes, celui de toute la société. L'ancre de toutes leurs passions atteignirent le fond de l'océan durant cette tranche de vie. Ils apprirent ensuite à voyager avec. Se furent ils équipés en voiles? En cargaisons alourdissantes? Balancèrent t-ils l'équipage par-dessus bord?

Aurel tourne les pages jusqu'à ce qu’elles demeurent vierges, pose la pointe son stylo et cherche l'équilibre d'un funambule... Aucune émotion ne lui revient. Le voisin fait cracher sa sono, le papier peint tremble. Il n’arrive pas à se concentrer. Le précipice de la feuille lui donne le vertige. Il balance son journal dans un coin, enfile un blouson et sort dans la nuit remplis d'encre et de réverbères.

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