jeudi 17 avril 2014

Clochards silencieux

Il y a des clodos qu'ont décidé d'être des hommes. Ils boivent sur les pièces qu'on leur donne et errent dans d'autres temps. Ils se grattent la peau des bras en les regardant, portent à leur bouche des intempéries pour immerger la pluie. Parfois ils beuglent, hilares et colériques, des froncements de sourcils aux enfants que nous sommes. Parfois, ils se taisent pour ne pas être trop francs, parce qu'on est susceptible derrière nos coutures. On dit des clodos qu'ils sont décousus et qu'ils puent parce qu'ils n'ont pas effacé leur odeur. Parfois ils se cassent la gueule pour un sac de bouffe. Souvent la fatigue leur fait abandonner toute esbroufe sur un bout de pavé qu'ils sont les seuls à toucher. Ils voyagent entre les murs qu'ont empilé des grues immenses. Ils tournent autour des miettes qu'ont laissé les empressements. Quelques clodos connaissent les recoins, d'autres les astuces, certains creusent dans la roche. Tous sont des humains qui connaissent les caprices du vent.
 

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