mardi 30 décembre 2014

" J'ai frappé la maladresse plutôt que l'envelopper d'écoute. J'ai étouffé un rêve avec mes poings "

Je venais de quitter celle que j'aime pour avoir répondu aux intimidations de son père en le frappant. J'avais le cœur lourd et assez honte pour ne plus avoir envie d'ouvrir les yeux. Après m'être passé milles images, les unes pour oublier, les autres pour me rappeler, j'ai su répondre à la question "Suis je violent et pourquoi?"

Gamin, j'ai vécu à Sevran. Les souvenirs de notre 1ere appart dans la ville restent toujours les mêmes: Un matin de noël dans la salle à manger, "Wolf" avec Nickolson dans le salon, les cauchemars dans la chambre, mes parents surpris dans la leur, le bureau de mon père et l'impulsivité de celui ci.
Mon frère n'était pas né, je n'avais donc pas plus de 4 ans. Mon père me faisait peur ce jour là, je ne me souviens plus pourquoi. J'étais seul avec lui. Peut être m'avait t il grondé. Quand ma mère rentra à la maison je pleurai contre ses jambes. Ça agaça mon père. Ma mère me protégea mais je reçu des coups de pieds, un dans la tête, je ne l'oublierais pas. Je ne veux pas fustiger mon père, ça lui arrivait d'être violent mais il ne me frappait pas tous les jours et avait des moments de tendresse. Il était juste victime de son tempérament. Je ne peux pas non plus minimiser son impact sur ma vie... Je "martyrisa" un couple de frère et sœur à l'école maternelle. Pourquoi eux? Ils étaient asiatiques. Peut être leur différence... leur visage joufflu me donnait envie de les mordre. Je n'avais pas la raison, je n'avais aucune notion.

Ca n'a pas duré. La raison arrivant, dans les 8 écoles primaires et collèges que j'ai fréquenté en France, il y avait dans chacune des gamins qui reconnaissaient ma peur et m'humiliait à travers elle... L'humiliation... C'est étonnant. A 25 ans je découvre pour moi même une notion qui a traversé mon enfance. Un mot que ni les éducateurs, ni les psy n'ont formulé à côté de celui "d'abandon", comme si l'un ne dépendait pas de l'autre. Pourtant l'humiliation mouilla mon lit tardivement, me laissa seul dans la cours des écoles, m'envoya en foyer,  me donna des cauchemars pendant une vingtaine d'année, frappa le père de l'unique fille m'ayant aimé à ce point...
Ma violence, ma rage, ne sont venues qu'à l'adolescence. Elles n'intervenaient que dans certaines situations, sans englober ma personnalité mais avec des accès vers le cœur qui me laissait toujours dans le mépris de moi même. Pourtant, j'espérais parfois une bonne baston avec un mec de taille afin de me sentir homme. A la boxe le prof avait cet air martial et suffisant en nous expliquant l'efficacité d'un mouvement, comme si rouler des mécaniques forçait le respect. Ce n'était pas entièrement faux dans ce contexte... Je me suis rendu compte que la violence nous avait tous blessé un jour, les élèves, le prof et moi. Cet instinct de la force n'est pas inné. C'est la blessante culture de l'homme animal qui l'entretien.

Je l'aime cette fille... Devant son regard je me suis rendu compte de mon erreur, dans tout mon corps. Je donne un sens aux erreurs pour grandir. J'écris. Je pardonne. Je dis adieu à la violence. Je ne peux pas vivre autrement.

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