mardi 7 juillet 2020

Crise d'adolescence?

Quand j'étais minot, ce que je perdais en amitié avec la plupart des garçons, faute d'avoir eu des habits de marques populaires, faute d'avoir su faire la roue avant au vélo, faute d'avoir eu une playstation flanquée sous la téloch familial, je le récupérais parfois en succès auprès des filles. Je ne le cherchais pas vraiment, au contraire, et cela devait participer à mon charme. Allez savoir pourquoi, je restais d'un désir passif face à la plupart me faisant leurs avances, ne rejetant ni n'acceptant ces dernières, excepté avec Sarah qui avait tout pris en main dès le début, comme dans la plupart de nos jeux. Je ne lui ai jamais demandé d’où lui était venu cette lucidité qui, à six ans pour elle et moi cinq, brûla toutes les étapes du touche pipi pour s'adonner au franc contact de nos muqueuses, exception faite de nos trous de balle, partie anatomique très émouvante pour des maternels tels que nous mais trop malodorante pour qu'on veuille y flanquer quoi que soit d'autre qu'un escadron de doigt planqué derrière du PQ. Sarah et nos expériences sexuelles devinrent les ambassadrices de ce que je pouvais vivre de plus riche à ce niveau là, car il y avait bien d'autres niveaux tout aussi important dans ma vie tel que faire du vélo près du canal de l'Ourcq, les petits suisses, les minikeum et les jeux dans les parcs, aussi toutes mes additionnelles admiratrices me donnaient mollement envie et me rendaient même perplexe. Je n'avais pas le gouts des opportunités et mes ambitions s'arrêtaient à ce que je connaissais déjà, c'est à dire Sarah, les activités précitées, aller à Disneyland et manger toute la gamme de kinder, sauf les bueno, gâteau illégitime fade à l'intérieur avec une croute ne s'assumant pas en tant que telle. Jusqu'au milieu du collège, des filles venaient de temps en temps me prévenir que je plaisais à leur copine, ou la gamine d'amis à mes parents m'écrivait des mots doux avec en P.S. "tu peu me raipondre la prochaine foi". Mon succès naturel s'est estompé en fin de collège, et pratiquement disparu à la fin du lycée, avec mes premières tares visibles, constitué pour la plupart par le devoir au masculin, hormones en ébullitions et artillerie d'injonctions. Je n'assumais pas celui de faire la démarche de séduction, ou trop maladroitement pour que ça ne foire pas, que ce fut auprès des toutes jeunes femmes, de mes parents, et le reste du monde. C'est effroyable... de s'apercevoir comme les prémisses du monde adulte coïncident en tout point avec le sentiment qu'il nous faut de plus en plus justifier notre existence aux yeux des autres. L'un et l'autre phénomènes se sont accompagnés, congédiant de la même main toute la candeur du monde. Je suis entré en crise lorsque ma masculinité devint consciente de la construction qu'elle devrait entamer pour être aimé à nouveau. Elle vint au jour lorsque, chassée de l’innocence comme du jardin d'Eden, les dieux des stratagèmes sociétaux me chargèrent les épaules d'une livrée que je ne voulais pas et qui m'entrava le cœur d'une ombre. Mon plus grand regret est d'avoir quitté l'enfance, et mes plus grandes découvertes furent quand je la rejoignis à nouveau, le temps d'une valse.

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