jeudi 11 février 2016

Fervent déterminisme

Je rêve d'un monde ou les coupables sont réparables,
On a tous été victime de quelque chose
Personne ne vient au monde avec la connaissance d'un crime. Ce sont les averses qui entraînent le déluge

Sartre disait :
“L’homme qui se croit déterminé se masque sa responsabilité”

Conclusion simpliste d'un grand penseur. Imaginons que le déterminisme est une réalité. Accepter la réalité serait un acte mature, responsable dirait on, non? Le déterminisme dérange l'humain dans ses critères de réussite ou d'échec qui n'appartiendraient qu'à lui même. Mais nous sommes le résultat de tous les facteurs du monde. Nous faisons partie d'un tout, et nous pouvons très bien l'envisager tout en continuant à agir en conscience. Peut être même davantage... Dans tous les cas, déterminisme ou non, l'on peut toujours se trouver des raisons de se sentir responsable ou non. La réalité du déterminisme ne change rien à ça, il s'agit juste d'un argument de plus.

Avec le déterminisme, rien n'est absolu, si ce n'est l'ensemble à qui tout appartient, et c'est bien mieux comme ça. Ciao culpabilité excessive, sentiment de mérite, compétitivité. Bonjour harmonisation. Cette phrase d'un penseur tel que Sartre prouve à quel point l'égo blessé de l'individu n'est pas prêt à sa divinité qui l'englobe et le dépasse. Je me crois déterminé et l'accepte sans jamais me désister de mon pouvoir de décision, quand bien même toutes mes décisions seraient déterminé. L'un empêche pas l'autre. Savoir que tout est déterminé me permet de mieux comprendre les principes d’interactions et de guérir de mes blessures sans chercher à me flageller. Savoir que tout est déterminé ne m'empêche pas de me sentir responsable, même si dans l'absolue la responsabilité n'existe donc plus. Mon pouvoir est déterminé, mais n'en demeure pas moins grand.

J'imagine qu'accepter cela demande un petit cheminement, de faire le deuil de certaines croyances et de faire la paix avec notre inéluctable vulnérabilité. Il faut revoir nos critères et assouplir notre égo. Quand je vois la proportion de peur mué en orgueil chez certains, je comprends que l'idée d'être lié à tout puisse être un risque pour leur petite personne. Le racisme est un bon exemple. La peur qui ne se surmonte pas, la peur qui se complait, la peur qui se déguise et se trouve des arguments, est un étau pour la pensée.

Spinoza disait:
“Les hommes se trompent quand ils se croient libres ; cette opinion consiste en cela seul qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés”

Ce constat est trop péremptoire à mon goût. Si j'émets une note de musique, c'est moi, l'instrument et la forme de la pièce ou elle résonnera qui l'auront déterminé, et pourtant, elle existera par elle même. Une fois émise, je ne pourrais pas la stopper. Sa forme prendra son essors en nous mais se dispersera par elle même. Elle était attendu mais dorénavant, elle vibre. Il en est de même avec toute conséquence. Il en est de même avec des êtres vivants. Notre vécu est déterminé mais n'en reste pas moins complexe, intense et singulier. Le concept de liberté est à revoir. Comme celui de la responsabilité, il n'est certes pas absolue, mais simplement parce que rien ne peut l'être, et c'est idiot de ne pouvoir faire le deuil d'une croyance erroné simplement parce que nous voudrions être des dieux indépendants. Nous avons inventé des concepts qui n'ont aucune existence absolue.

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