Je lis les mots des autres pour me laver de ceux, captifs, qui me
serrent le ventre, m’empêchent de contempler. Je lis pour l'éveil, mais
l'éveil se produit quand je relève la tête, lorsque des mots n'existent
plus et qu'une emprunte discrète ouvre tous mes sens. C'est sans le
vouloir, dans ce silence médian, que naît l'espace d'une compréhension.
Les mots servent alors de témoins pour l'invisible, une entité
insaisissable qui nous transperce tout le temps. Ils offrent à
l'imaginaire un peu de ciel, attendrissant le regard que l'on porte sur
les choses. Alors s'enclenche le cycle d'une nouvelle compréhension,
d'une nouvelle rencontre avec le fond de moi même, là où, épargné d'un
Moi illusoire et plein d'orgueil, l'image du monde demeure intacte.
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